La tardive apparition du chef de l'Etat après les attentats du 11 avril dernier a suscité moult interrogations sur ce qui a bien pu retenir ou empêcher le président des Algériens à se manifester à temps, pour à la fois compatir à la douleur de ses concitoyens, et surtout de les rassurer. Au sortir de son audience accordée par Bouteflika le même jour de l'attentat, l'ambassadeur de Russie avait dénoncé ces attaques terroristes. Mais pas Bouteflika. L'information donnée par le chef du gouvernement, selon laquelle le président de la République a convoqué mercredi soir une réunion d'urgence regroupant de hauts responsables de l'Etat pour décider des mesures à prendre, n'a pas suffi à satisfaire la curiosité croissante de savoir « pourquoi n'est-il donc pas apparu ? » Alors que la psychose et la peur de voir d'autres attentats se produire sont devenus maîtres du quotidien des Algérois, les autorités politiques du pays ont observé un black-out en matière de communication, laissant la voie libre à des chancelleries étrangères de distiller des messages alarmistes, jetant l'effroi dans les cœurs déjà meurtris des Algériens. Ce n'est qu'au quatrième jour de ce feuilleton de psychose que le peuple algérien a pu voir son Président dans la capitale, inaugurant trois édifices publics, et bien entendu, se présentant au chevet des blessés victimes de l'attentat du 11 avril, hospitalisés à Mustapha Bacha. Des signes de fatigue se lisaient aisément sur les traits et la voix du chef de l'Etat. Attendu pour faire une déclaration dans une telle conjoncture que vit le pays, Bouteflika se montrera avare de mots et se contentera de lancer un petit message au peuple algérien en disant à une malade qu'il faut que « le peuple réagisse » et d'ajouter que « tout va s'arranger ». Certains observateurs ont mis cette économie de paroles et de déclarations sur le compte de la perspective d'un discours que devra prononcer Bouteflika à l'occasion de la Journée du savoir, coïncidant avec la commémoration de la mort de Abdelhamid Ibn Badis, et ce, à Constantine. Cette prévision s'avérera vaine, puisque le chef de l'Etat qui a bel et bien effectué une visite dans la wilaya de Constantine, n'a ni prononcé de discours et encore moins assisté au traditionnel séminaire sur la pensée d'Ibn Badis. Et pourtant, ça aurait pu être l'occasion propice pour se prononcer sur des questions d'intérêt national, comme la situation sécuritaire, les prochaines élections législatives ainsi que sur la convocation du chargé d'affaires de l'ambassade des Etats-Unis par la diplomatie algérienne. C'est le chef du gouvernement qui, de coutume n'accompagne pas le chef de l'Etat dans ses déplacements à l'intérieur du pays, qui a pris part à ce séminaire. L'on ne peut s'empêcher de se demander si l'état de santé du Président l'astreint à limiter ses déclarations et à ne pas s'épuiser à trop parler. Cette supposition peut s'avérer plausible, eu égard à la mine affichée par le premier magistrat du pays dans ses deux sorties, à Alger et à Constantine. Selon le service de la communication de la présidence de la République, le chef de l'Etat se porte bien. « Le Président n'est pas tenu de prononcer de discours chaque 16 avril, je vous rappelle qu'il ne l'a pas fait en 2005 », nous dit-on sans autre précision.