Jeudi, deux bateaux, l'un de croisière et l'autre de transport maritime des voyageurs, ont accosté le port de Annaba. Le premier, L'Adriana, est arrivé des Etats-Unis. Il avait, à son bord, plusieurs dizaines de touristes américains. L'autre, Le Méditerranée, d'une compagnie française de transport maritime, avait, tôt la veille, pris la mer, de Marseille à destination de Annaba. Ils ont accosté simultanément, proue contre proue. Gérer ces deux mastodontes de la mer, surtout le Méditerranée, au même moment et avec des moyens humains et matériels réduits, n'était apparemment pas aisé. D'autant que les insuffisances en moyens humains et matériels tant en ce qui concerne l'entreprise portuaire, la douane que la police des frontières étaient criantes. En effet, c'est divulguer un secret de Polichinelle que de dire qu'au port de Annaba on en est toujours à l'utilisation des moyens archaïques. Cet archaïsme et cette insuffisance ont été quelque peu compensés par les compétences de l'ensemble des institutions d'intervention. Heureusement, car il fallait, d'une part, éviter de toucher à la susceptibilité des dizaines de touristes américains pour sauvegarder l'image d'une Algérie hospitalière qu'ils visitent pour la première fois. Par ailleurs, mettre tout en œuvre pour accélérer les formalités de contrôle aux frontières et, de là, permettre aux 800 passagers et aux 303 véhicules de quitter rapidement les quais du port. Quoiqu'en effectifs et en moyens matériels pourtant insuffisants, la police des frontières et les douaniers de Annaba ont réussi à relever le défi ce jeudi. Un défi parce que, pour la première fois, ces deux services stratégiques ont eu à travailler sur un nombre de voyageurs et de véhicules aussi importants. Il n'y a pas eu de crise de nerfs, vociférations et propos désagréables d'un côté comme de l'autre. Le circuit, mis en place par la direction des douanes de la wilaya, a été très efficace. Il a permis une gestion très fluide de cette arrivée massive d'immigrés en famille ou seuls avec leurs bagages qu'il fallait déballer et remballer pour les besoins du contrôle. Ainsi, au moment où l'on parle de sécurité du territoire, de sécurité économique et de sécurité tout court, à Annaba, exception faite du moyen humain, et encore en nombre réduit, il n'y a presque pas d'équipements et de matériels de contrôle adaptés à la situation que vit le pays. Un hangar métallique, où il gèle l'hiver et où l'on suffoque l'été, sert de site de contrôle des véhicules. Certes, la gare maritime a été aménagée pour mettre à la disposition des voyageurs toutes les commodités nécessaires. Mais il reste beaucoup à faire en matière de maîtrise de l'aspect sécuritaire. Le seul scanner pour le contrôle des passagers et des bagages à main fonctionne miraculeusement, parce que défectueux. Acquis à coups de centaines de millions en devises au début de ce siècle, celui hypersophistiqué et destiné pour le contrôle des conteneurs a fonctionné quelques mois à peine après sa réception. Et si les scanners à main servent beaucoup plus à donner l'apparence d'une fonctionnalité qu'ils n'ont pas, la brigade canine existe certainement sur le papier. Un seul chien des services de police est en activité. « Nous n'avons ni chien ni moyens mobiles de déplacement pour des rondes de contrôle et d'inspection sur le port et à l'aéroport », avoue M. Harrat, secrétaire général de la section syndicale des douanes.