Vous allez ruiner le pays », ainsi a répliqué Amar Tou, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, qui était mercredi dernier à Biskra en visite de travail, à une proposition, que nous lui avons faite et qui consisterait à doubler, pourquoi pas, les salaires des spécialistes pour les inciter à venir travailler dans l'Algérie profonde, en l'occurrence dans la polyclinique d'ophtalmologie retapée à neuf pour un montant de 3 milliards et qu'il était en train d'inspecter. Le ministre venait de parler de la nécessité de garantir sur tout le territoire, une « égalité » dans l'accès à des soins de qualité pour « tous ». Or, pour des raisons que l'on ignore, les 3 spécialistes censés être à pied d'œuvre dans cet établissement manquaient à l'appel, ainsi que le médecin réanimateur pour faire fonctionner les trois salles d'opération entièrement équipées d'appareillages encore sous emballage plastique. « Le manque de médecins spécialistes dans les hôpitaux du secteur public sera résolu d'ici 2009 », précisera le ministre, qui annoncera que 1000 médecins, toutes spécialités confondues, seront recrutés chaque année pour mettre fin au déficit « chronique » enregistré dans la plupart des hôpitaux et structures sanitaires, notamment dans les régions enclavées comme celle de Messaâd dans le sud. Il dira par ailleurs : « Nous allons vers l'autonomisation des polycliniques et centres de soins. » A ce propos, le ministre soulignera que la majorité des centres de santé comme celui de Chetma, seront transformés en polycliniques pour alléger la surcharge au niveau des centres hospitalo-universitaires (CHU). « Nous sommes pour la hiérarchisation des soins », a-t-il martelé. Puis il exprimera sa « satisfaction » quant aux délicates opérations de greffes, annonçant que quelque 200 opérations concernant les reins sont prévues pour l'année 2007 par les équipes médicales des services de néphrologie ainsi que 380 implantations de cornées. En attendant l'arrivée des spécialistes, les Biskris, ceux qui en ont les moyens, continueront à aller en Tunisie pour se faire soigner les yeux. Les autres attendront comme ils ont appris à le faire, sachant que cette clinique a ouvert ses portes pour la première fois en 1989, puis a été désaffectée après avoir accueilli tous les services de l'hôpital Hakim Saâdane pendant la durée de sa réfection.