La journaliste Salima Tlemçani a été honorée cette semaine aux Etats-Unis par la Fondation internationale des femmes dans les médias (International Women's Medias Foundation). Salima, du quotidien El Watan, a reçu avec trois autres journalistes (Gwen Lister de la Namibie, Mabel Rehnfeldt du Paraguay et Belva Davis de la Californie) le prix du Courage dans le journalisme pour 2004 (Courage in Journalism Awards). A cet effet, deux réceptions ont été organisées en l'honneur des lauréates, l'une s'est déroulée à Los Angeles et l'autre à New York. Près de 350 personnes venues de divers horizons étaient invitées à la première manifestation présidée par Barry Diller et Diane von Furstenberg. Des représentants du monde des médias ont également pris part à cette rencontre, notamment ceux de la chaîne de télévision NBC4, du Los Angeles Times ainsi que du National Public Radio. Ces derniers ont été désignés pour remettre les prix aux quatre femmes. Dans l'Etat de New York, la manifestation a été présidée par Jeffrey Bewkes (président du Groupe Entertainment, Time Warner) et Karen Elliott House (éditeur du Wall Street Journal). Des invités de marque issus de la presse écrite et audiovisuelle étaient présents à la cérémonie ainsi que des figures du show business, notamment le célèbre acteur et comédien Bill Cosby connu, d'ailleurs, pour son adhésion au combat des femmes, saluant leur courage ; Samantha Power, auteur d'articles sur les droits de l'homme, ancienne correspondante à l'étranger, conférencière à l'Université de Harvard ; Jill Abramson, rédacteur en chef de New York Times ; enfin Vartan Gregorian, président de la Carnegie Corporation de New York. Ces journalistes de terrain et lauréates de cette année ont, de l'avis de Mme Judy Woodruff, présentatrice principale, correspondante principale de CNN et présidente du prix du Courage dans le journalisme, prouvé leur engagement au reportage de la vérité sur l'injustice, la corruption et les violations des droits de l'homme malgré les risques mortels du travail qu'elles exercent quotidiennement. « En leur rendant l'hommage qu'elles méritent, nous attirons l'attention sur certaines régions du monde où la lutte pour la liberté de la presse fait rage », dira-t-elle. « Ces journalistes ont bravé l'interdit, mis leur vie en danger pour rapporter des faits controversés et souvent dangereux », a révélé l'une des participantes, et d'ajouter que Salima Tlemçani a, durant les années noires de l'Algérie, fait des reportages sur les groupes extrémistes et intégristes. Elle a également rapporté les atrocités et les tueries commises par les groupes islamistes. Elle s'est déplacée dans des lieux dangereux et a effectué des reportages sur les femmes violées par les terroristes. Elle a aussi effectué des investigations et autres enquêtes sur la corruption à haut niveau en Algérie. Lors de la cérémonie de remise des récompenses, Salima Tlemçani a expliqué qu'elle avait utilisé durant sa carrière de journaliste quatre pseudonymes. Elle a demandé à cette occasion de ne pas être prise en photo, car des menaces de mort pèsent sur sa personne et sur sa famille. « Je sais qu'aujourd'hui rien n'est sûr. Parmi les 22 journalistes figurant sur la liste noire des groupes islamiques armés, 10 ont été assassinés jusqu'à présent », dira Salima. Samantha Powers, qui a remis le prix à la journaliste algérienne, a soutenu qu'il fallait prendre en considération le « défaitisme » de Salima qui « m'a confiée cette phrase lourde de sens : “Si tu parles, tu meurs ; si tu ne parles pas, tu meurs. Alors parle et meurs''. »