La réforme des hôpitaux mise en chantier par le ministère de la Santé devrait être une restructuration qui doit à la fois réduire les dépenses de santé et préserver la qualité des soins. Ce qui, pour d'autres représente un véritable casse-tête médical, économique et social ne l'est pas pour le professeur Abderahmane Saïdia, directeur général du centre hospitalio-universitaire (CHU) de Annaba. Son institution rayonne sur six wilayas et, dans certaines spécialités comme l'ORL, sur la majorité du pays. Dans ce CHU, les responsables tentent de restructurer tout en adaptant les unités hospitalières, les services, les effectifs et les moyens aux besoins de la population et en préservant la qualité des soins. Mais de quelle population s'agit-il ? Dans ses réponses faites aux représentants de la presse, le professeur Saïdia a estimé « nécessaire d'imposer une politique saine de gestion, un meilleur aménagement du territoire sanitaire et un partage équitable des ressources en fonction des besoins ». Ce pourfendeur des politiques molles a parlé des sept unités hospitalières sous sa responsabilité. Il l'a dit et même répété lors du dernier forum de la radio locale Annaba FM. Au contact des gens de la presse, il a affirmé que le CHU Annaba est « à la pointe du combat pour la sauvegarde de la vie humaine, la prévention et la recherche médicale et scientifique ». Pari difficile particulièrement en ces derniers temps avec la multiplication des manipulations, des fausses informations et des rumeurs. Il faut savoir que 2700 étudiants internes et externes en médecine, chirurgie dentaire et pharmacie et 600 résidents fréquentent quotidiennement les 26 services, 8 laboratoires et 5 unités de radiologie. Des statistiques sont avancées pour argumenter les performances médicales. Elles ne précisent cependant pas le système existant qui serait à l'origine de l'afflux des malades de différentes régions vers le CHU Annaba. De l'avis général du corps médical et paramédical, cet afflux use les effectifs, les matériels, les équipements et les structures. « Il ne suffit pas de réaliser des unités hospitalières, centres de santé et de soins. Il faut également prendre en charge et solutionner le déséquilibre entre les moyens humains, matériels et financiers dans la majorité des structures de santé. Dans des hôpitaux, les moyens humains existent mais pas les équipements. Dans d'autres, c'est l'inverse », ont affirmé plusieurs praticiens et agents paramédicaux à l'hôpital Ibn Rochd. Dans cet établissement comme dans les six autres, y compris la clinique pédiatrique Sainte Thérèse, la saturation se lit sur les visages et dans les comportements. Il y a de quoi, quand on sait que pour l'année 2006, les différents services et unités ont enregistré 92 726 consultations, 94 905 admissions, 25 563 interventions chirurgicales et un taux d'occupation par lit de 79,32%. Il y a également les urgences avec, pour la même année, 189 308 consultations, 25 517 admissions, 10 455 actes opératoires et une évacuation en toute priorité de 2462 malades. Ainsi, pour une population de quelque 9 millions d'habitants des six régions limitrophes et plusieurs milliers d'autres en provenance de wilayas de l'intérieur, le CHU dispose d'un matériel sophistiqué, dont 3 scanners (2 de dernière génération), d'appareils de médecine nucléaire ou d'imagerie à résonance magnétique (IRM).