Réunis dans l'après-midi d'hier en assemblée générale, les travailleurs de l'hôtel ont nettement signifié leur courroux en agitant le spectre d'une grève générale. Le communiqué qui a conclu l'AG mentionne un préavis de grève de 15 jours. D'emblée, les travailleurs et les syndicalistes ont tenu à préciser que la privatisation en elle-même ne constitue nullement un motif de l'agitation. « Ce qui nous inquiète surtout, c'est que l'officialisation de la privatisation est intervenue alors que notre situation par rapport à l'Entreprise de gestion de l'est (EGT Est) demeure conflictuelle », rapporte un délégué syndical. Il explique que l'accord relatif à l'indemnité de départ volontaire stipulé dans l'accord collectif de branche signé en date du 30 septembre 2006 entre la Fédération nationale du tourisme et du commerce (FNTC) et le groupe Gestour, demeure en suspens. « Nous avons saisi l'EGT Est à ce sujet pour lui demander de respecter l'alinéa « C » de ladite convention de branche ». Ce dernier article précise clairement qu'« en cas de cession d'une unité ou de l'entreprise dans sa globalité, une indemnité de départ volontaire peut être versée au profit de tout travailleur de l'unité ou de l'entreprise concernée, qui en fait la demande… » Le sujet relatif au départ volontaire a d'ailleurs constitué l'essentiel de l'ordre du jour de l'AG qui a regroupé près de 60 travailleurs sur les 70 que compte l'hôtel. Tous les intervenants ont battu en brèche les arguments avancés par l'EGT Est et le groupe. M. Mezhoud, membre du bureau fédéral de la FNTC est allé plus loin en déclarant que « la bataille livrée autour des droits des travailleurs de l'hôtel Es-Salem représente pour nous une symbolique que nous ne devons pas perdre. Nos revendications sont amplement conventionnelles et il appartient au groupe d'y répondre en conséquence ». Le même langage a été tenu par M. Fedali, secrétaire général du syndicat de l'entreprise qui est revenu sur la genèse du conflit pour imputer la responsabilité de cette situation conflictuelle à l'entreprise. « Le 10 avril, et après la réunion syndicale, nous avons adressé nos doléances. Le 16 avril, on reçoit une réponse du SGP nous demandant de prendre attache avec qui de droit. C'est comme si on insinuait qu'il fallait plutôt négocier avec Gestour alors que nous dépendons de l'EGT est. » Il ajoutera que le groupe maintient sa position en refusant aux travailleurs un droit conventionnel. « Ils arguent cette position par une note émise par SGP Gestour en date du 13 octobre 2006 et qui retire aux travailleurs le droit de bénéficier d'une indemnité de départ volontaire au motif qu'ils n'auraient pas manifesté cet intérêt au préalable, alors que des fiches de vœux ont été remises par voie d'huissier à l'entreprise », explique-t-il en ajoutant qu'« on a l'impression que le groupe chercherait à retirer Es-Salem, avec deux autres unités de la composante de l'ensemble des entreprises relevant du portefeuille de la SGP Gestour devant bénéficier des modalités de l'accord collectif de branche signé le 30 septembre. Un accord qui porte pourtant, noir sur blanc, l'hôtel Es-Salem dans l'annexe relative aux unités concernées. » Quant à l'argument avancé par Gestour et qui tenterait, d'après M. Fedali, de profiter du retard qu'elle aurait relevé dans la formulation des vœux alors que les textes stipulent, comme il tiendra à le préciser, que c'est à l'entreprise de prendre l'initiative en exposant une correspondance officielle de Gestour datée du 23 octobre où il est mentionné « à ce stade, l'entreprise informera le collectif des travailleurs qui aura à se prononcer par fiche de vœux… » Les travailleurs d'Es-Salem affirment qu'ils n'ont jamais été informés, en ajoutant qu'en dépit de cette faille, ils ont tenu tout de même à manifester, et à deux reprises, leur volonté de bénéficier d'un départ volontaire. En attendant les suites de ce bras de fer, les travailleurs se disent solidaires et confiants.