A l'heure où, en matière d'élections, le monde se met à jouer la transparence dans le strict respect des principes de la démocratie, en Algérie on en est encore appréhendé par pareil événement. L'exemple de la Mauritanie, ce petit pays juste à côté de chez nous, est là pour nous donner la preuve de ce que sont la franchise et la sincérité avec le peuple en matière de prise de pouvoir. Un peu plus loin en face, au pays chantre de la démocratie, 12 candidats à la présidence française ont joué le jeu en laissant parler les urnes. Les électeurs français ont mis leur bulletin dans des urnes transparentes. Les électeurs de 82 communes, soit 3% de ceux inscrits sur la liste électorale, ont fait connaissance avec le vote électronique. Comment les choses se sont-elles passées avec les machines électroniques mises en place dans les 1600 bureaux de vote ? Comment l'opération de dépouillement, également électronique, s'est-elle effectuée ? Quelle a été la réaction du système électronique mis, pour la première fois, sous les doigts des électeurs, y compris les handicapés ? Hier, donc, 1,5 million d'électeurs sur les 44,5 millions inscrits ont utilisé la machine électronique à voter pour se prononcer à l'occasion de ce premier tour de l'élection présidentielle française. Il s'agissait d'un véritable baptême du feu pour ce type de solution déjà testé. On en avait tant parlé. Les médias s'étaient maintes fois penchés sur la question du vote au moyen du système électronique. Selon ZDnet.com, le ministère de l'Intérieur avait donné son agrément pour sa mise en place dans 82 communes de l'Hexagone. Il s'agissait, comme le précise le code électoral, de communes de plus de 3500 habitants. Dans une même commune, certains bureaux avaient été dotés du système électronique alors que d'autres ont utilisé le système traditionnel de vote avec, cependant, cette particularité qu'un même bureau ne peut pas utiliser les 2 systèmes. C'est pourquoi, par souci d'homogénéisation, des collectivités ont décidé de passer au tout électronique. Trois modèles, au fonctionnement similaire, ont été agréés par les services du ministère de l'Intérieur. Il s'agit de l'iVotronic d'ES&S, une machine fabriquée par la société NEDAP-France Election et une autre de la société espagnole Indra Sistemas. Le prix moyen de cet équipement est de 4000 euros. Les villes à avoir adopté le vote électronique ont mis principalement en avant des économies de temps et d'argent, notamment lors du dépouillement. Ce dernier devait se faire en quelques secondes. Avec le système traditionnel de l'urne, plus de trois heures étaient nécessaires. L'autre avantage porte sur l'accessibilité du système électronique aux aveugles et malvoyants, ainsi qu'aux handicapés moteurs. En Algérie, on n'en est pas encore arrivé au stade des essais de l'électronique. Pour bon nombre de démocrates, le système électronique d'élection ne sera jamais adopté par notre pays car il mettrait à nu les manipulations et le trafic qui, depuis l'indépendance, caractérisent toutes les opérations de vote. Celle du 17 mai 2007 ne fera pas exception à ce qui est devenu une règle pour les tenants du pouvoir. C'est, en tous les cas, l'avis de ces mêmes démocrates pour qui l'application de ce système électronique dans notre pays relève de l'utopie.