L'université Abderahmane Mira de Béjaïa vit ces jours-ci au rythme d'une grogne syndicale qui promet de ne pas s'estomper de sitôt. Après une grève commune de deux jours, les 10 et 11 octobre, et un rassemblement mardi dernier devant le rectorat, le CNES et le SNAPAP gardent les sourcils froncés et n'excluent pas d'« aller vers le blocage de l'université ». Le spectre d'une grève illimitée est dans les propos des uns et des autres. « La majorité des travailleurs est pour cette action », confie Rabie Adrar, secrétaire général de la section SNAPAP-Université lors d'un point de presse animé conjointement avec des animateurs du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) qui proposent d'aller d'abord vers une autre action de protestation commune à travers un nouveau débrayage de trois jours. C'est ce qu'a retenu l'assemblée générale du CNES qui s'est réunie pour évaluer la grève de deux jours. « Nous pouvons aussi décider d'une marche sur la wilaya », ajoute Mohand-Saïd Akrour du CNES qui estime que « le conflit (avec l'administration) s'est aggravé avec le lancement de cette intersyndicale ». Une coordination que ses initiateurs entendent ouvrir aux travailleurs de l'ONOU et aux étudiants. Dans une déclaration commune, ces deux syndicats ont qualifié de réussie leur première action et se sont félicités d'avoir bloqué l'université à plus de 90% « malgré les intimidations, l'intox, les diffamations, les tentatives de division entre enseignants et ATS dont se sont rendus coupables les premiers responsables de notre université ». Les grévistes reprochent à l'administration rectorale les ponctions sur salaires des deux journées de grève, « la suppression du bus transportant le personnel vers Aboudaou et aussi le refus du recteur de (les) recevoir en tant que coordination intersyndicale ». Dans un document administratif signé du secrétaire général de l'université, l'administration a estimé que l'appel au rassemblement de mardi dernier est « en violation de la réglementation en vigueur et informe que cette manière de faire s'apparente à une coalition de fonctionnaires qui tombe sous le coup de l'art. 33 bis de la loi 90-02 ». Pour M. Akrour, les deux syndicats ont soulevé des revendications qui sont des prérogatives du ministère. Le problème du logement est au centre du conflit. Le quota des 100 logements d'El Kseur que le ministre avait annoncé pour le corps enseignant lors de sa dernière visite dans la wilaya est, pour le CNES, une vieille histoire. « Ils nous ont été promis, il y a une année et demie (...). Les F1 que nous avons acceptés à titre provisoire ne sont pas tous attribués. Pour nous et à ce jour, il y a 0 logement », déclare le conférencier.