Il est distribué sous le titre Issiakhem, la face oubliée de l'artiste, œuvres graphiques. L'ouvrage n'a pas été réalisé par une maison d'édition mais par ses auteurs. Il n'en demeure pas moins qu'il est d'une très bonne facture graphique. La satisfaction ira en grandissant au fur et à mesure que l'on compulsera les 117 grandes pages de l'ouvrage. Le texte de Nadira Laggoune-Aklouche et le fin travail de Boualem Hammouche sur le crédit photographique sont rehaussés par la direction d'un Djaâfar Inal qui, en fait, concernant la mise en place du fonds Issiakhem, se comporte en industrieuse fourmi depuis quatre décennies. En effet, Inal qui a lui-même été un ami intime de l'artiste recueille, note, répertorie, classe et archive aussi bien la production artistique et graphique d'Issiakhem que les écrits dont ce dernier a fait l'objet, et ce, depuis quarante années. C'est le fruit d'efforts déployés depuis aussi longtemps que l'on retrouve dans le livre. Aussi, en plus d'une biographie précise dans laquelle on revisite la vie d'Issiakhem depuis son jeune âge en passant par sa formation, son premier séjour algérois, la période parisienne, les voyages, ses combats pour la libération du pays et surtout son compagnonnage du peintre Khadda ou de Kateb Yacine. On retrouvera surtout sa production artistique la moins connue (la face oubliée), parce que la moins médiatisée, voire parfois la plus controversée aussi : l'œuvre graphique. Issiakhem qui s'était imposé par sa peinture passionnée, parfois torturée, a eu une production prolixe portée notamment par les journaux (Alger Républicain dont il a illustré plusieurs unes sur toute la page, El Djeich, Algérie actualité, Révolution et Travail) comme il a produit de la caricature, de la bande dessinée et l'affiche pour le théâtre et autres manifestations culturelles. L'artiste a également illustré la couverture de nombreux livres. Il est un autre domaine dans lequel le peintre a été très sollicité, c'est le timbre-poste, les billets de banque, les illustrations de pochettes de disques jusqu'aux écussons de la police… « (…) Tous ces travaux encore méprisés des musées aujourd'hui ont, comme tout art de propagande, les défauts de leurs qualités : manichéens, outranciers, ils ont la beauté douloureuse des œuvres qui, peut-être n'expriment pas toute la vérité, mais crient justice sur tous les tons et par tous les moyens », concluent les auteurs de La face oubliée de l'artiste. Le livre sera distribué à partir de la fin du mois d'avril et une conférence de presse se tiendra ce samedi à 14h au centre culturel de la Radio pour la présentation du livre.