Depuis jeudi, à l'instar des autres régions du pays, Annaba est en effervescence. Aucune des 12 communes n'est épargnée par la fièvre de la campagne électorale entamée ce même jour. Placardées ou collées un peu partout à travers les artères des centres urbains, chefs-lieux de commune et localités à forte concentration de population, les listes des candidats sont attentivement auscultées, discutées, critiquées ou vantées. Les prémices de cette fièvre étaient déjà perceptibles quelques jours auparavant avec l'activisme de plusieurs candidats, têtes de liste de partis politiques ou indépendants. A travers des contacts et discussions informels, ils ont tenté de réhabiliter l'esprit civique. Plusieurs d'entre eux l'ont qualifié de moribond. Ils ont déjà rejoint leurs marques pour gagner la bataille électorale. Oubliés les tracasseries et le stress générés par l'attente du oui ou du non des services de la wilaya qui a agréé les candidats. Partout des sièges de permanence électorale aux couleurs nationales, de la musique et des chansons. C'est à qui attirerait le plus de citoyens dans son camp pour conquérir leur bulletin. Les sceptiques sont ainsi contraints de remettre en question leur abstention. Face aux photos en couleurs des candidats avec leur tête de liste bien mise en évidence, beaucoup de citoyens établissent un bilan négatif des députés en fin de mandat. D'autres de l'impuissance de l'Etat à juguler la crise socioéconomique, à résoudre le problème du chômage et du logement, des organisations politiques qui ont déserté le travail sur le terrain, de la coupure des élus locaux et nationaux des réalités citoyennes. Ces discussions entendues devant les 24 tableaux d'affichage des listes, mis en place par la commune d'Annaba, génèrent un mal dont l'ampleur pourrait être révélée ce 17 mai, jour du vote. Dans le milieu des universitaires et des opérateurs économiques, on estime que le système représentatif local vit une crise majeure qui ne peut plus se contenter de replâtrages. « Je n'ai jamais raté une élection, même du temps du parti unique. Il s'agit d'un devoir dont je ne peux me dispenser, tout en sachant que les pratiques d'un certain âge sont toujours de mise. Ce 17 mai, mon épouse et moi irons à l'urne. Qui dit que cette fois-ci ces élections législatives seront comme les autres ? », avoue un des citoyens avant de plonger une nouvelle fois son regard sur les listes des candidats.