Personne peu bavarde, l'enfant de Ksar El Boukhari, dans la wilaya de Médéa, a pris beaucoup de temps pour extérioriser des sentiments longtemps enfouis. « Il m'a fallu du temps et du courage pour me dévoiler et puiser au plus profond de moi-même, car écrire pour les autres est une expérience différente, mais je reconnais que j'ai eu aussi beaucoup de chance, car j'ai rencontré les bonnes personnes au bon moment », révèle l'invitée du CCF, lors d'une rencontre tenue jeudi dernier, dans le cycle Un auteur, une œuvre. Devenue incontournable sur les deux rives de la Méditerranée, Maïssa Bey a publié depuis les années 1990, une série d'ouvrages favorablement accueillis, aussi bien par la critique que par les lecteurs passionnés. D'ailleurs, l'auteur, de Au commencement était la mer, Nouvelles d'Algérie, Cette fille-là et Entendez-vous dans les montagnes ?, a subjugué un public nombreux en présentant son dernier ouvrage Bleu, blanc, vert paru en France en septembre 2007, puis publié deux mois plus tard en Algérie aux éditions Barzakh. Usant d'un discours simple et limpide, avec la conviction d'une femme qui semble vivre les histoires de ses héros, Maïssa Bey a réussi à inciter une envie de découvrir cet ouvrage, que l'assistance semble avoir déjà adopté. Divisé en trois périodes marquant les trois décennies de l'histoire de l'Algérie (1962-1992), le roman raconte aussi l'évolution d'un pays à travers le parcours d'une femme et d'un homme qui se rencontrent, s'aiment et vivent dans un immeuble où tous les événements marquants sont passés en revue. « C'est un choix qui s'est imposé entre deux ruptures, celle de 1962 qui a sonné la fin de l'occupation française, puis celle du 29 juin 1992, date de l'assassinat du défunt Mohamed Boudiaf, marquant le début d'une autre époque », explique Maïssa Bey. Bleu, blanc, vert est une histoire à lire et même à relire, car « chacun de nous se reconnaîtra dans un lieu, dans un chapitre ou dans toute l'histoire ».