Une soirée musicale arabo-andalouse digne des Mille et Une Nuits... Dans le cadre des soirées ramadhanesques organisées par l'Etablissement Arts et Culture de la wilaya d'Alger, avec la participation de nombreux artistes chanteurs qui ont fait le bonheur de leurs fans, la soirée animée par Saâd eddine el Andaloussi fut l'apothéose. Faite de sensibilité et de prestance, la voix angélique du chanteur a subjugué l'assistance venue découvrir pour certains, redécouvrir pour d'autres et apprécier pour tous, ce talentueux chanteur et musicologue algérien qui a donné une touche personnelle à la musique arabo-andalouse traditionnelle, non pas en la modernisant mais en l'innovant. En effet, sans vouloir toucher à la base, le chanteur s'est contenté de «greffer des compositions sur certains textes contemporains» comme il tient à le souligner à chaque fois. Le complexe culturel Laâdi-Flici du Théâtre de verdure d'Alger a donc vibré, en cette inoubliable soirée de Ramadhan 2007, aux sons raffinés de l'orchestre et à la voix magistrale du chanteur qui a interprété quelques-uns de ses plus beaux morceaux que le public envoûté, reprenait en choeur. Billah ya ben el warchen, khallouni maa hibbi, achqui fezzine n'saha, besm ellah bdit n'zemmem, bellagh slami leidjazair, et bien d'autres belles chansons encore qui ont fait le bonheur d'un public en extase. Saâd Eddine el Andaloussi est un artiste bourré de talent qui s'est révélé être un génie dès son jeune âge et malgré son handicap. Dès 9 ans, il joua du piano tout en chantant; à 11 ans déjà on le mettait au-devant de la scène; à 13 ans, il passa à la télévision pour la première fois et eut le premier prix au concours de Alhan wa Chabab. De plus en plus, il cultive ce don qu'il a pour la musique et le développe au fur et à mesure, d'abord au sein de l'association El Fakhardjia, sous la direction de Nourreddine Saoudi, mais aussi et surtout grâce à ses maîtres de référence tels Abdelkrim Dali, Dahmane Benachour, Saddek Bedjaoui, Fadhila Dziria, Meriem Fekkaï et d'autres noms illustres qui ont marqué la musique andalouse algérienne. Après une licence en musicologie de l'Institut de musique d'Alger, il sollicite l'ambassade de France et obtient une bourse d'études pour s'inscrire à la Sorbonne pour un DEA portant sur le thème «Etude analytique des formes musicales algéroises». Etabli en France et poursuivant ses recherches dans le domaine musical, Saâd Eddine el Andaloussi a, à son actif, trois albums: le premier Bellagh slam ledjzair sorti en cassette en Algérie en 1993, suivi d'une nouba dans le mode Raml el maya, en France en 1999, puis le troisième, Maya w'mizen, un album qui allie mélodies rythmées, textes évocateurs et recueillement. Cette soirée organisée par l'Etablissement Arts et culture a permis de renouer avec un genre musical qui mérite écoute et attention et d'apprécier une voix douce et mélodieuse d'un artiste de talent qui mérite une meilleure considération et qui devrait être davantage sollicité dans son pays...