Quelques années après sa création et après avoir fait une très bonne impression sur les habitants de la commune d'Annaba, la Police de l'urbanisme et de l'environnement (PUPE) a réduit ses activités aux seuls contrôles des automobilistes. Ce revirement est intervenu au moment même où se multipliaient les infractions à l'urbanisme, les atteintes à l'environnement, la présence de marchés informels et les tables à tabac, synonymes de chômage et de misère. Pourtant, en quelques années, la PUPE était arrivée à procéder au dégagement continuel et régulier des servitudes du tissu urbain. Le traitement sécuritaire des espaces dans lesquels on estimait des populations juvéniles des plus dangereuses a été un succès. Et comme l'ont affirmé les sociologues, aménagistes et urbanistes, la présence régulière des « agents en bleu de combat » avait réussi à créer une cohérence entre le traitement sécuritaire et la mixité sociale. Par leur seule présence sur le terrain, les agents de la PUPE ont réussi à mettre le holà à la prolifération des expressions individualistes dans le traitement des nouvelles constructions, ravalements ou réfections des façades des logements individuels et collectifs. Détériorée au plus haut point — parce que marquée par le désordre, l'anarchie, le manque de cohérence entre les structures de l'Etat et le manque d'hygiène et de salubrité — la ville avait retrouvé ses couleurs de coquette. Cette police-là et ses agents en tenue de combat bleue n'apparaissaient plus dans les deux secteurs d'intervention, urbanisme et environnement, qui lui ont été dévolus. On les a désignés pour des tâches sans réel impact sur la vie du citoyen, du moins pour son urbanisme et son environnement. Ainsi, après la PUPE, les brigades de service d'ordre motorisées, les annexes de commissariat dans les quartiers, le ministère de l'Intérieur met en place des Brigades de police pédestres diurnes et nocturnes (BPPDN). Elles sont chargées d'effectuer des rondes à travers les cités et les quartiers. « La PUPE a fait un important travail de nettoyage sur le terrain. Ayant perturbé les calculs de ceux qui se croient que tout leur est permis dans le foncier, la construction ou l'environnement, on a imposé à leur tutelle de la mettre à l'écart », a affirmé Chawki Bouchahda, un habitant de la cité Kouba.