Le président du Venezuela, Hugo Chavez, qui fustige depuis longtemps le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM), a franchi le pas en annonçant, lundi dernier, le retrait de son pays de ces deux institutions basées à Washington. Qualifiant ces organismes de « mécanismes de l'impérialisme » destinés à exploiter les pays pauvres, Chavez a indiqué à l'occasion de la fête du 1er Mai, dans un message transmis par la télévision nationale et rapporté par les agences de presse, que le Venezuela va formaliser sa sortie du FMI et de la Banque mondiale et leur demander de rendre ce qui lui appartient. « Ils doivent nous rendre les fonds. Il vaut mieux que nous sortions avant qu'on nous ait pillés. Pourquoi ? Parce que ces institutions sont en crise. J'ai lu dans la presse que le FMI ne pouvait pas payer les salaires », a déclaré le dirigeant de gauche radicale. « Ici (au Venezuela) c'est le FMI qui commandait, ce mécanisme aux mains de l'impérialisme nord-américain (...) afin de lui imposer des politiques économiques et sociales brutales », a poursuivi le président vénézuélien. Cette annonce de Chavez intervient au lendemain d'une autre déclaration, lors d'une réunion avec les représentants des pays alliés du Venezuela, dans laquelle il avait affirmé que l'Amérique latine en général irait mieux sans la Banque mondiale et le FMI, soutenus par les Etats-Unis. Selon lui, « le FMI et la Banque mondiale font partie d'un projet impérialiste de domination mondiale, et les gens de tous les pays doivent résister à leurs pressions ». Le Venezuela avait, rappelons-le, fini de rembourser ses dettes au FMI peu après l'arrivée au pouvoir de Chavez en 1999. A plusieurs reprises déjà, il avait accusé les politiques de prêt suivies par l'institution financière « d'entretenir la pauvreté ». Il faut dire à ce propos que le FMI et la BM sont aujourd'hui très critiqués pour avoir dévié de leur mission principale pour laquelle ils ont été créés, à savoir « aider au bon fonctionnement de l'économie mondiale et lutter contre la pauvreté ». Depuis une trentaine d'années, le FMI s'est surtout chargé de prêter des fonds aux pays connaissant des difficultés financières. Grâce à la forte croissance économique mondiale de ces dernières années, les pays créanciers ont aujourd'hui largement remboursé leurs dettes et peuvent se passer de ses services. C'est la raison pour laquelle, estiment les analystes, « des problèmes financiers sont apparus au sein de l'institution dont le budget dépend des intérêts des prêts qu'il consent. Du coup, le FMI se cherche de nouvelles missions, alors que les altermondialistes dénoncent ses méthodes libérales et que les pays émergents veulent plus de pouvoir en son sein. »