Le président vénézuélien fustige l'impérialisme nord-américain à travers cette décision. Qualifiés d'organismes de «mécanismes de l'impérialisme» destinés à rendre les pays pauvres encore plus pauvres. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international sont déclarés indésirables au Venezuela. Et le flamboyant président vénézuélien joint le «geste» à la parole en déclarant avec fracas: «J'annonce notre sortie de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Ils doivent nous rendre les fonds...» Cela est fait dans la pure tradition de la lutte contre l'impérialisme américain par la gauche marxiste latino américaine incarnée par le «Che» au début des années 60. C'est dans cette lignée, en digne héritier de ce mouvement que le nouveau chef de file de la gauche radicale d'Amérique latine, compte poursuivre le combat. Le verbe facile, tribun hors pair, il souhaite se présenter, à sa manière, comme «le petit père du peuple» avec l'idéologie stalinienne en moins. Il dénonce: «Ici, au Venezuela c'est le FMI qui commandait ce mécanisme aux mains de l'impérialisme nord-américain afin de lui imposer des politiques économiques et sociales brutales.» Il veut se libérer du joug américain et démystifier les politiques économiques vénézuéliennes complètement inféodées à l'administration des Etats-Unis. «Ils vivaient là-bas à Washington et c'était presque une condition requise qu'ils parlent anglais. Moi, j'ai un ministre des Finances qui parle espagnol.» Hugo Chavez a entamé une politique de nationalisation des principales ressources de son pays. Les gigantesques gisements de l'Orénoque qu'occupe, symboliquement, depuis hier, l'armée du Venezuela pourraient propulser ce dernier au premier rang mondial des pays exportateurs de pétrole, si l'existence des 270 milliards de barils de pétrole est certifiée. Hugo Chavez détient là une arme redoutable et il compte s'en servir. Ses promesses électorales? Il y tient. Il veut redistribuer les richesses. A l'occasion de la Fête des travailleurs, le 1er Mai, il a fait l'annonce d'une augmentation du salaire minimum de 20%. Il a été triomphalement réélu à la tête de son pays, porté par une majorité de son peuple, de condition très modeste. Pour plus d'autonomie des pays d'Amérique latine vis-à-vis des institutions financières internationales, Hugo Chavez a lancé le projet «Banque Sud». Il a reçu l'appui du Brésil, de l'Argentine, de la Bolivie et de l'Equateur. Le représentant de la Banque mondiale en Equateur a été expulsé par le président socialiste Rafael Correa. Grâce à une croissance économique retrouvée, les pays d'Amérique du Sud (Brésil, Uruguay, Argentine) ont remboursé une grande partie de leurs dettes par anticipation à l'instar de l'Algérie. Le FMI qui a imposé à ces pays des politiques d'austérité qui se sont répercutées de manière négative sur le pouvoir d'achat des populations et entraîné des pertes d'emplois massives, a fait face à une vague de mécontentements, sans précédent. Les deux institutions financières, en crise, le FMI confronté à une crise de légitimité et la Banque mondiale au scandale provoqué par son président, Paul Wolfowitz, sont fortement discréditées. Ces deux institutions dominées par les Etats-Unis et l'Europe sont sommées, aujourd'hui, de rendre des comptes. Ennemi juré de l'administration Bush, qui a fait des pieds et des mains pour le déstabiliser et empêcher sa réélection, le président vénézuélien menace de quitter l'organisation des Etats américains (OEA) si cette dernière venait à s'immiscer dans l'affaire qui l'oppose à Radio Caracas Télévision, Rctv, pour le rôle qu'elle a joué dans la tentative de coup d'Etat qui l'a éloigné du pouvoir durant deux jours, en 2002. un coup de semonce. Hugo Chavez a la dent dure. La conjoncture géopolitique lui est favorable. Georges Bush est sur tous les fronts: la guerre en Irak, le nucléaire iranien, la guerre d'Afghanistan...Hugo Chavez le sait...Une revanche posthume du «Che» sur l'impérialisme Américain.