Les partis, tous courants confondus, s'accordent à dire qu'il n'y a point de démocratie sans liberté de la presse. « Nous défendons le principe d'une presse libre si l'on veut du bien à l'Algérie », s'écrient-ils à l'unisson. Interpellées à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, les formations politiques, précisément celles qui participent aux élections législatives, prennent le soin de ne dire que du bien concernant la corporation. Force est ainsi de constater que peu de partis ont abordé la question ou ont pensé à le faire. La liberté d'expression et de la presse ne constituerait-elle plus une priorité à leurs yeux ? Une chose est certaine, la défense de la presse ne se pose plus comme un thème majeur dans le discours des politiques. Cela dit, la plupart des partis sont d'accord pour souligner l'urgence d'amender le code pénal pour décriminaliser le délit de presse. A ce propos, l'Alliance nationale républicaine (ANR), par la voix de son président Rédha Malek, rappelle l'époque où son président était chef du gouvernement (1994). « En tant que chef de l'Exécutif, j'avais ordonné de laisser les journalistes travailler en paix et de libérer ceux qui étaient en prison pour des délits liés à leur fonction », indique le président de l'ANR. L'ANR, qui accueille sur ses listes l'UDR de Amara Benyounès (parti non agréé à ce jour), plaide pour la suppression de l'article 144 bis qui criminalise la « faute » journalistique. « Cet article doit disparaître. On ne doit pas emprisonner le journaliste pour ses écrits. De l'autre côté, j'appelle les journalistes à s'organiser afin d'asseoir une charte d'éthique et de déontologie », poursuit l'homme politique. Autre parti « républicain » à appeler à l'abrogation du « code pénal bis », le RCD. « Nous n'avons pas attendu la commémoration du 3 mai pour plaider la cause de la corporation. Les positions du RCD ont toujours été claires. En témoignent les marches, les manifestations et autres meetings que le parti a initiés uniquement pour la défense de la liberté d'expression », souligne le secrétaire national à l'information et porte-parole du RCD, Mohsen Belabès. Les « doléances » de la formation de Saïd Sadi comportent aussi d'autres points, non moins négligeables. « Il s'agit du statut du journaliste qui n'a pas encore vu le jour, ce qui induit une situation de précarité dont souffrent de nombreux journalistes », ajoute le RCD. Quant au Parti national pour la solidarité et le développement (PNSD), la « défense de la liberté de la presse ne date pas d'aujourd'hui ». « L'histoire retiendra que nous étions deux sénateurs du tiers présidentiel, Ahmed Merani et moi-même, à dire non au projet de loi lorsqu'il a été soumis à la chambre haute. Je persiste à refuser ce texte honni et son article 144 bis, véritable épée de Damoclès qui plane sur la tête du journaliste. Je lance un appel solennel au président de la République à user de son droit de grâce pour tous les journalistes poursuivis », souligne le président du PNSD. Pour le Parti des travailleurs, la liberté de la presse doit rester une préoccupation majeure. « On ne conçoit jamais un multipartisme sans une presse libre », nous dit Karim Labechri, cadre du PT et député sortant. Le proche collaborateur de Louisa Hanoune n'omet pas de signaler que la liberté de la presse figure parmi les axes fondamentaux du programme du parti. « Pour nous, les deux volets importants sont d'abord le libre exercice de la profession avec ce que cela implique comme moyens et outils pour le journaliste et bien sûr le côté social – salaire décent, sécurité sociale, etc. – qu'il faut aussi prendre en charge. » Pour ce qui est de l'audiovisuel, le PT considère que l'éventualité d'ouverture au secteur privé n'est pas « systématiquement » bénéfique pour la société. « Nous ne sommes pas contre le privé, mais il faut dire que les chaînes de télévision et de radio indépendantes qui émettent de par le monde ne répondent pas toujours aux attentes. Une chaîne privée est mue par des considérations beaucoup plus commerciales. Cela dit, les médias lourds du secteur public doivent permettre l'accès à tous les courants politiques », relève encore Karim Labechri. De leur côté, le FLN et le RND se rejoignent sur la question. Ces deux partis de la coalition présidentielle proposent ainsi le « pack complet » pour signifier qu'ils sont branchés sur la même longueur d'onde que la profession. « Le FLN est contre l'article 144 bis et milite pour son abrogation. Le journaliste ne doit pas être interné à cause de ses écrits. Le parti qui a beaucoup évolué appelle aussi à l'ouverture du champ audiovisuel », indique Saïd Bouhadja, membre de la direction du parti et tête de liste FLN à Skikda. Pour Miloud Chorfi, porte-parole du RND, « le programme du parti s'appuie aussi sur la question de la liberté de la presse ». « La corporation a tout le soutien du SG (Ahmed Ouyahia). Le RND appelle à l'abrogation de l'article 144 bis et propose d'ouvrir le champ audiovisuel », ajoute l'ex-journaliste de la télévision. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) abonde dans le même sens, même s'il se dit obligé de rappeler « un point important dans le texte de loi incriminé ». « L'épée de Damoclès ne plane pas uniquement sur la tête du journaliste. Il y a aussi l'imam à qui on dénie le droit à l'expression libre », relève Abdelmadjid Menasra, porte-parole du parti fondé par le défunt Mahfoud Nahnah.