Un vibrant, appuyé et généreux hommage rendu par le groupe de N'guyen en clôture de la toute fraîche et émoulue édition du 1er festival Assima Jazz initié par la méritoire association Limma qui n'est autre que celle ayant installé et institutionnalisé le fameux festival Dimajazz à Constantine. N'guyen Lee, catogan, chemise “soixante-huitarde” à fleurs (power flower oblige !), pantalon noir à pochettes, son alter ego, sa fidèle guitare électrique, en bandoulière — accompagné par le grand et talentueux bassiste, d'origine camerounaise Etienne Mbappé, Francis le fougueux batteur et l'ébouriffante chanteuse Cathy Renoir — fera hurler les Marshall en guise de flash-back pour les nostalgiques babyboomers de l'époque insouciante pop et une découverte pour les néophytes. Quoi que la majorité de l'assistance était juvénile et avertie. Un tribute personnel et personnalisé de N'guyen Lee à l'endroit de son père spirituel, Jimi Hendrix. Ce guitar hero qui joue plus vite que la musique et son ombre et avec ses dents... de jeune loup. Jimi Hendrix avait fait avancer la musique lors du siècle dernier en matière de guitare électrique en utilisant les moyens techniques des années 1960 et début 1970, en l'occurrence la pédale wah wah. Le premier à avoir introduit cet adjuvant sonique et par voie de conséquence, il révolutionnera le tempo, vibrato ou encore cet effet, sans jeu de mots bœuf, larsen des amplificateurs de par une dextérité vertigineuse et époustouflante. Et Jimi était gaucher. Donc, il a customisé (modifié) ses guitares et l'emplacement des cordes. Ce qui donnera ce son caractéristique et « interstellaire » de la désormais marque de fabrique de Jimi Hendrix, l'auteur mythique des albums Are You Experienced ? Axis : Bold as love, Electric Ladyland et Band Of Gypsys. Et pour cause ! Pete Townshend guitariste des Who avait alors dit à son propos : « S'il ne reste qu'un nom dans toute l'histoire du rock'n'roll dans cent ans, ne cherchez pas, ce sera forcément Jimi Hendrix. » Ainsi N'guyen Lee, en digne fils spirituel, soulignera la mémoire de l'icône à travers une grandiose célébration mâtinée de solos pour ne pas dire d'istikhbar « tueurs » pop et populaire (chaâbi, berouali), orientalisant, asiatique, levantin, gypsy, afro-beat, jazzy avec en featuring l'excellent et « too funky » bassiste Mbappé. Ou encore du pur jus et bonheur avec Purple Haze en or, du douze barres flirtant entre blues et jazz et surtout Voodoo Child très extatique et démentiel sur une intro gnawi. Enfin bref, une grand-messe... noire (black is beautiful). Un ange passe, celui de Jimi Hendrix ! Le public, envoûté par cette magie communicative et transmise par N'guyen Lee et son groupe, leur réservera une chaleureuse et frénétique standing ovation. Tout le monde se lève pour N'guyen Lee et sa formation ! « Si vous saviez comme on est heureux de jouer ici, en Algérie. Vous êtes le meilleur public au monde ! », remerciera N'guyen Lee. C'est sûr, ce fut un bonheur de concert ! Chapeau bas pour les membres de l'association Limma.