Cynisme, parce que le prix tant enviable à coup sûr pour un jeune acteur arabe dans la métropole américaine n'est pas accompagné de cash comme d'habitude, mais de deux billets sur les lignes de la compagnie Delta Airlines ! L'idée est très charmante. Les voyages forment la jeunesse. Mais à ce jeune Tunisien : qui va lui donner les visas indispensables ? Au dire impossible. C'est comme lui donner un pétard mouillé ! Un paquet de dollars lui aurait au moins servi à quelque chose. A propos de Making Of, si Nouri Bouzid a acquis une certaine maîtrise le travail précéden, ce dernier opus, Tanit d'or du dernier Festival de Carthage, est à vrai dire assez douteux. Mais les laudateurs du cinéaste, en novembre 2006 à Tunis, ont tellement « travaillé » le jury qu'il a fini par obtenir le grand prix. La qualité, en tout cas, n'y trouve pas sa place. C'est l'histoire du jeune Bahta, 24 ans, joué par Lotfi Abdelli, qui fait de la « break dance » avec son groupe et rêve surtout de se joindre aux harragas pour débarquer en Sicile. Il y a une vague histoire d'amour, des bagarres, l'intervention d'un cousin flic tordu (on est en Tunisie) jusqu'à ce que Bahta tombe dans les griffes d'une bande d'intégristes et de leur « chef », un sculpteur de pierres tombales (joué par Lotfi Dziri). La danse, disent les barbus à Bahta, c'est l'œuvre de Satan, il faut arrêter ces « saletés ». Jusque-là, le film de Nouri Bouzid fonctionne, il n'y a rien à redire, c'est une fiction qui aborde un vrai problème. Mais une gêne irritante surgit alors au milieu du film : Nourif Bouzid lui-même entre en scène pour dire aux spectateurs à peu près ceci : « Attention, je ne suis pas en train de faire de la propagande des islamistes ? Je ne fais rien de mal ! », répète le cinéaste, et la fiction reprend... Mais tout son travail tombe à l'eau. Le film n'est plus du tout crédible. Désenchantés, beaucoup de spectateurs quittent la salle. Nouri Bouzid a essayé de placer Making Of dans beaucoup de festivals ? En vain. C'est Tribeca à New York qui l'a pris finalement. Robert de Niro a créé ce festival dans la période sinistre qui a suivi l'attentat du 11 septembre 2001. Il était important pour De Niro que ce quartier de New York, celui de son enfance, reprenne goût à la vie, montre ses films et ceux des autres. Et que Delta Airlines son rôle de sponsor pour le meilleur et pour le cocasse...