Cinq jours de grève à l'université de Sidi Bel Abbès, des milliers d'étudiants privés de cours et des centaines d'enseignants qui ne décollèrent pas. Pourquoi cette énième grève, renouvelable cette fois-ci tous les cinq jours ? « La grève a été le dernier recours qui est resté aux enseignants de l'université de Sidi Bel Abbès pour faire entendre leur voix pour la prise en charge effective des problèmes réels auxquels ils sont quotidiennement confrontés », estime la section CNES, en précisant que depuis mai 2006, le recteur s'est donné comme objectif la « disparition » de la section CNES pour faire « taire » toute contestation au sein de l'université Djillali Liabés. « La première action venue du recteur est la demande illégale des listes des adhérents, en contradiction flagrante avec la loi 90-14 et les différentes résolutions du comité des libertés syndicales du BIT », rappelle le syndicat autonome des enseignants du supérieur. Le CNES rejette, alors, ces pratiques « illégales », ce qui pousse le recteur à saisir la justice dans le but de « démontrer » la non représentativité de la section locale et demander, du coup, son gel. L'arrêt rendu le 11 décembre 2006 par la chambre administrative de la Cour de Sidi Bel Abbès déclare la non consistance de la demande présentée par l'administration. Une gestion décriée La justice venait ainsi de débouter l'administration de l'université Djillali Liabés. « Malgré cette décision, le recteur n'a cessé d'utiliser les mêmes arguments pour bloquer tout dialogue avec les représentants des enseignants », regrette le CNES, ajoutant que « le refus de tout contrepouvoir au sein de l'université a pour but de maquiller sa mauvaise gestion et de passer sous silence de nombreux dépassements et autres passe-droits ». Selon le CNES, la liste de ces « dépassements » est longue. A l'université de Sidi Bel Abbès, signale-t-il, il est devenu possible de passer maître de conférences sans doctorat d'Etat, ni habilitation universitaire ! Concernant la gestion des fonds de la commission des œuvres sociales, gelés depuis plus d'une année, le syndicat fait remarquer que l'administration utilise tous les moyens possibles pour « empêcher » l'élection d'une nouvelle commission pour la gestion de ces œuvres. « Une enquête sur les œuvres sociales est annoncée aux enseignants depuis près d'une année. A ce jour, ses conclussions ne sont connues de personne », s'étonne-t-on. Pis encore, « les conventions conclues entre l'administration et le CNES sont officieusement remises en cause », s'indignent les représentants des enseignants. Sur un autre registre, une « opacité » totale est maintenue, selon eux, sur la gestion et la répartition des logements au sein de l'université. « Les questionnements sur l'octroi de logements en dehors du cadre légal de la commission et sur la décision inique de rejeter tous les recours faits par les enseignants et la manière utilisée pour la répartition des logements sont restées à ce jour sans réponse », ajoutent-ils. Tous ces points énumérés par le CNES constituent, dit-il, des arguments suffisants qui justifient le recours à la grève, tout en rappelant que les diverses demandes des enseignants pour l'ouverture des portes du dialogue n'ont trouvé aucun écho auprès du recteur. « Le recteur ne veut toujours pas s'asseoir autour d'une table de négociations, même avec la paralysie totale de l'université. A croire que les enjeux sont ailleurs », conclut le CNES.