C'est lui, le Droudkal, patron du GSPC, qui l'a affirmé : « C'est une guerre entre l'infidélité et la foi. » Cette sentence censée expliquer toutes les guerres a le mérite d'être aussi simple qu'une recette de frites. Il est vrai que Bush, néo-chrétien, utilise aussi Dieu, plus grande puissance de l'univers, pour les intérêts des USA, plus grande puissance de la planète. Il est vrai aussi qu'à l'autre bout, sur la face cachée de la Terre, Bouteflika, autre « born again » depuis qu'il a redécouvert la foi, multiplie les concessions pour transformer un Etat presque moderne en un assemblage mystico-politique hybride, où les chefs de zaouïas, les militants de partis islamistes et les petits abonnés des mosquées ont plus de poids que les économistes et sociologues. Mais cette frontière entre l'infidélité et la foi, par où passe-t-elle ? Par les médias mondiaux, par le Pentagone, par le ministère de la Défense algérien ou par les discussions dans les bars d'Alger autour de l'existence d'un Dieu introuvable ? Ceux qui ont la foi n'ont pas de cœur. Ceux qui ont un cœur ont aussi un foie, mais se tiennent le ventre à chaque meurtre, à chaque massacre. On sacrifiait déjà des innocents pour le dieu Ra en Egypte, pour Babel en Mésopotamie ou Quetzacoatl en Amérique centrale. Aujourd'hui, on continue à répandre le sang avec l'argument de la foi et on oublie que les moteurs d'exclusion se propagent d'abord dans les mosquées, les églises et les synagogues. Qu'en pense Dieu ? Rien, là n'est pas sa fonction. Qu'en pense le Droudkal, en surfant sur cette vague religieuse qui traverse le monde ? Rien non plus, là n'est pas sa fonction. Pour lui, le plus important est de réduire la masse humaine par simplification, jusqu'à arriver au plus petit des combats. Deux personnes, l'une contre l'autre, le croyant contre l'infidèle. Là, la dernière guerre pourra commencer.