Le gouvernement tchadien vient de signer un protocole d'accord avec l'Unicef (Fonds des Nations unies pour l'enfance) pour démobiliser les enfants enrôlés dans l'armée nationale. L'éclairage de Jean-François Basse, chef de la section Protection de l'enfance à l'Unicef. L'Unicef dit procéder à un recensement des enfants soldats au Tchad. Cette opération est réalisable dans l'armée mais comment faites-vous pour comptabiliser les enfants enlevés par les groupes rebelles ? Le protocole d'accord nous autorise désormais à avoir des contacts avec les groupes politico-militaires. Nous espérons qu'ils nous permettront d'évaluer les effectifs et les lieux de concentration. En même temps, nous chercherons à nous assurer que tous les groupes d'enfants inclus dans les principes de Paris, signés par le Tchad le 7 février 2007, seront pris en compte, en particulier les filles et garçons non combattants, qu'ils soient Tchadiens ou Soudanais. Après la reconnaissance et le désarmement, reste l'étape de la réinsertion. Quel avenir ont ces enfants dans leur pays ? Qui va les prendre en charge psychologiquement, professionnellement, socialement ? L'opération de désarmement n'est que le point de départ d'un processus complexe de transition vers la réinsertion sociale et communautaire. Cela relève d'abord de la responsabilité du gouvernement. Les agences des Nations unies et les ONG apporteront leur appui, sous sa coordination. Par ailleurs, les familles, les structures scolaires, les centres de formation, les entreprises... doivent jouer leur rôle, en facilitant l'accès à la scolarisation, au rattrapage scolaire, en mettant en place des petites formations professionnelles ou des activités génératrices de revenus. Les Nations unies redoutent une nouvelle vague de déplacements des populations si la sécurité ne revient pas. Finalement, on se demande à quoi sert de désarmer d'un côté les enfants quand d'un autre les violences et l'instabilité persistent... Toutes nos actions, celles du gouvernement comme des partenaires, reposent sur le même principe : la libération de tous les enfants soldats doit être recherchée sans condition, à tout moment. Cela dit, la réunification familiale se fait sous trois conditions : la volonté de l'enfant sur le lieu où il désire être réunifié et sur la personne avec qui il veut être, une sensibilisation de la famille et la communauté et les conditions de sécurité dans la localité d'origine de l'enfant ainsi que les risques de réenrôlement. Si cette évaluation est défavorable, l'ONG assurant la garde provisoire a tout de même la possibilité d'opter pour un placement en famille d'accueil ou en milieu de vie alternatif.