Sur près de 19 millions d'électeurs, seuls 6,6 millions ont voté. Soit un taux de participation de 35,65%. Il s'agit sans nul doute des élections les plus impopulaires depuis l'avènement du pluralisme politique en Algérie. En 2002, où toute la Kabylie avait, rappelle-t-on, boudé les urnes à cause des troubles qu'a connus la région, le taux de participation était de 46,17%. Même avec la situation de « chaos généralisé » vécue par la région, le taux national de participation enregistré à l'époque est supérieur (dix points, ndlr) à celui du scrutin de jeudi. Et encore ! Sur les 6,6 millions de votants, près d'un million de bulletins ont été déclarés nuls, ce sont dans la plupart des cas des votes blancs. En résumé, seulement 5,7 millions d'Algériens ont exprimé leur voix. Autrement dit, plus des deux tiers des électeurs (12 millions) se sont abstenus de prendre part à ces élections qui ont pourtant vu la participation de 24 formations politiques, qui n'ont cessé pendant leur campagne électorale d'appeler à un vote massif. Même la campagne de sensibilisation officielle, placée sous le slogan inchangé « Pour l'Algérie », n'a pas réussi à ramener le taux de participation à un seuil plus acceptable. Menée en grande pompe à travers les médias lourds, cette campagne s'est poursuivie jusqu'à la fermeture des bureaux de vote jeudi soir. Sans convaincre. L'Algérie obtient ainsi un nouveau record d'abstention qui semble être imbattable. Mais dans le fond, ces chiffres ne constituent pas une surprise. La campagne électorale – qui s'est déroulée dans l'indifférence totale de la population – augurait déjà d'un fort taux d'abstention. Pourquoi les Algériens n'ont-ils pas voté ? La réponse semble être si simple aux yeux des observateurs : les citoyens ne croient plus au discours politique et aux sempiternelles promesses électoralistes. Ils ont totalement perdu confiance en le politique, qui sort de ces élections complètement discrédité. Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, met la responsabilité de ce fort taux d'abstention sur le dos des partis politiques qui, selon lui, sont en déphasage avec la société. « Le taux de participation a démontré que le citoyen algérien était davantage exigeant », a-t-il précisé lors d'une conférence de presse, hier à Alger, consacrée à la présentation des résultats définitifs des élections législatives. M. Zerhouni estime que le discours des partis est peu convaincant, non concret et ne colle plus à la réalité et aux transformations que connaît la société. Cela n'empêche pas le ministre de féliciter les Algériens qui, d'après lui, « ont fait preuve de maturité politique ».