Les Algériens ont fait preuve de maturité politique. » C'est ainsi que le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a commenté les 35,65% de taux de participation aux élections législatives. A l'occasion de sa traditionnelle conférence de presse à l'issue de chaque scrutin, Nouredine Yazid Zerhouni a refusé de voir dans ce taux une marque de rejet de ces élections. « Les Algériens ont manifesté une participation importante et respectable et ont exprimé leur choix de manière lucide et en toute liberté. » Voulant positiver la faible participation des électeurs, Zerhouni fera la lecture suivante : « Les électeurs ont montré l'efficacité et le sérieux des garanties induites par la modification de la loi électorale intervenue par ordonnance en 2003. » Et d'aller encore dans la minimisation de l'acte abstentionniste en disant : « Ce n'est pas là l'expression d'un rejet ou d'un désintérêt du citoyen, mais plutôt la preuve que le citoyen attend que l'approche politique s'adapte de manière plus convaincante au processus de démocratisation du pays. » Plus encore, le numéro un de l'intérieur osera même la comparaison avec des pays comme l'Italie et les Etats-Unis où les élections législatives n'attirent pas grand monde. Se disant satisfait du bon déroulement du scrutin et saluant « l'efficacité et la promptitude des agents de l'Etat », Zerhouni minorera les irrégularités consignées dans le rapport du président de la commission de surveillance des élections, Saïd Bouchaïr, pourtant adressé au chef de l'Etat. Le premier responsable du département de l'intérieur ira jusqu'à affirmer que le président de la CNPSEL a été victime d'une erreur d'appréciation. « Bouchaïr a été surpris dans sa bonne foi par des informations erronées, il a d'ailleurs fait une mise au point pour dire que le nombre des irrégularités constatées est infime et n'a eu aucune incidence sur le déroulement du vote », martèlera-t-il. Ce dernier affirme que le plus grave cas de tentative de fraude a été enregistré à Rouiba avec la constatation d'un bourrage d'urnes avant le début du scrutin. « Ce constat a été fait lors de la vérification des urnes dans trois bureaux distincts et dans lesquels des bulletins de deux partis politiques ont été découverts. » Les bureaux 101, 46 et 61 ont été le théâtre d'un bourrage des urnes diversement remplies de bulletins électoraux. « La première mesure prise suite à cet acte a été la destruction des bulletins trouvés en consignant sur PV les faits constatés. De plus, une plainte a été déposée au niveau de la justice après que les chefs de ces bureaux aient été relevés », indique Zerhouni, estimant qu'il s'agit là d'une manipulation dont ont été victimes les formations politiques dont les bulletins se trouvaient dans ces urnes. Autre manipulation, selon le ministre, celle dont a été aussi victime le RCD, dont les bulletins ont été distribués dans la rue. « C'est une manœuvre pour semer le doute sur l'opération électorale », dira-t-il. Quant au grief retenu contre Ould Abbas suite à la distribution de T-shirts à son effigie dans la localité de Aïn Témouchent à l'intérieur même des bureaux de vote, son collègue du ministère de l'Intérieur estime que ce n'est sûrement pas là un cas de fraude à prendre au sérieux, affirmant que toutes les tentatives de fraude « ont été vite contenues et les mesures adéquates ont été prises en toute célérité et transparence ». « La loi sur les partis doit changer » Interrogé sur le nombre affolant de partis microscopiques, le ministre de l'Intérieur a émis le vœu de voir amender la loi sur les partis. « Dans cette loi, il est fait mention d'associations politiques. Le grand nombre de partis participe à la dispersion des organisations », précise Zerhouni, considérant qu'il est utile de revoir cette loi et que son amendement soit soumis à cette nouvelle législature. « Il faut que les partis adaptent leurs projets à l'évolution nouvelle de la société », dira-t-il. Réagissant au nombre de bulletins nuls, le ministre y voit l'expression à la fois de l'attachement au processus électoral, ainsi que le rejet des candidats proposés à la députation.