Pour protester contre l'absence de prise en charge de leurs revendications socioéconomiques (alimentation en eau potable et effacement des créances de Sonelgaz), la plupart des habitants du douar de Mekam (commune de Aïn Merane) et ceux de la commune de Beni Bouattab, au pied des monts de l'Ouarsenis, ont carrément boudé ces élections. Dans cette dernière localité où le taux de participation était de 9% à 18h, la nouvelle de l'abstention massive avait circulé deux semaines auparavant et un communiqué avait été remis dans ce sens aux représentants de la presse. Le boycott a aussi touché la région déshéritée de Bissa, où les familles vivent dans des grottes.En fait, l'abstention s'est étendue à toute la wilaya avec 35,03 % contre 48,04 % en 2002, soit une diminution de 13%. Pratiquement, là où nous sommes passés, que ce soit à Chlef, Chettia, Chegga ou Oum Drou, les bureaux de vote étaient totalement déserts, la circulation au ralenti et les rues quasiment vides. Cela se veut aussi un message clair aux pouvoirs publics qui doivent, selon des observateurs, tirer les enseignements nécessaires de ce faible taux de participation des électeurs. Même les femmes qui avaient l'habitude de remplir les bureaux de vote ont brillé par leur absence, comme nous avons pu le constater dans un bureau de vote à Chettia où une douzaine seulement avait voté sur les 372 inscrites. Le même phénomène a été enregistré un peu partout à travers la wilaya. Les jeunes étaient eux aussi inexistants dans les centres de vote, préférant plutôt passer leur journée sur les plages de Ténès ou devant le petit écran pour suivre la finale de la coupe arabe entre l'ESS et El Fayçali de Jordanie. Apparemment, les appels lancés par la radio locale, les imams de la wilaya et un crieur public pour un vote massif n'ont pas eu l'effet escompté. Au contraire, la démagogie qui a marqué le discours des uns et des autres a eu le résultat inverse. Dans ce climat monotone, certains élus et organisateurs n'ont pas hésité, dit-on, à afficher leur parti pris flagrant pour le FLN afin de lui permettre de rafler le maximum de sièges (trois contre cinq en 2002). La liste sur les dépassements constatés est longue et l'on signale qu'une série de requêtes a été introduite à la commission de wilaya de contrôle et de surveillance des élections législatives par les partis victimes de ces pratiques.