Mijek. 9h 30, hier. Le président de la RASD, vêtu d'un treillis militaire vert kaki et accompagné de membres du staff de son gouvernement, fait son apparition dans ce cette localité du territoire libéré. Mijek (Territoire libéré du Sahara occidental) : De notre envoyé spécial Mohamed Abdelaziz a choisi, hier, ce lieu, situé à près de 800 km au sud-ouest des frontières algériennes, et où ont été commémorées les festivités du 34e anniversaire de la lutte armée sahraouie, pour fustiger, sans détour, le Maroc pour « sa mauvaise intention » de vouloir bloquer les négociations, entérinées dans le cadre de la résolution 1754 du Conseil de sécurité de l'ONU. « Nous ne percevons aucun signe chez l'autre partie », dit d'emblée Mohamed Abdelaziz qui réitère la disposition de son gouvernement à entrer « immédiatement » dans ces négociations. Le SG du Front Polisario (FP), pour étayer cette thèse, n'a pas omis d'évoquer la récente répression enregistrée dans les villes occupées du Sahara occidental et dans les universités marocaines depuis le début du mois. Il estime que « la répression que mènent les autorités coloniales avec sauvagerie dans les territoires occupés du Sahara occidental et au sud du Maroc démontre, une fois de plus, que le gouvernement marocain est résolu à maintenir sa politique d'intransigeance et de reniement de la légalité internationale ». Mieux, le SG du Front Polisario cite comme autre signe révélateur du recul du Maroc devant les futures négociations : « Ce que nous avons vu dans les universités d'Agadir, de Marrakech, de Casablanca et de Rabat depuis le début du mois de mai démontre de l'intensité d'une opération méthodique qui ne se limite pas à vouloir arracher les racines de la résistance et du refus de la colonisation, mais qui veut créer un climat de tension dans lequel règnent le chauvinisme et le racisme avec la volonté affichée de semer la discorde entre les deux peuples frères marocain et sahraoui, et détourner la vérité de nouveau. » Une vérité, a-t-il tenu de rappeler, qui a pour seul « base » le plan du règlement ONU-OUA (actuelle Union africaine) en 1991 et les accords de Houston ainsi que le plan Baker en 2003. Mohamed Abdelaziz souligne que « c'est sur la base de cette logique que nous avons accepté de mener les négociations aujourd'hui avec le royaume du Maroc, des négociations sans condition afin de parvenir au même objectif à savoir celui de permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination ». Mais, le SG du Front Polisario qualifie déjà d'« échec » les « tentatives » marocaines en mettant en exergue le fait que « le peuple marocain est plus conscient aujourd'hui et ne pourra plus croire aux arguments de son gouvernement ». Et à ce titre, Mohamed Abdelaziz donne comme preuve la présence d'une délégation marocaine à ces festivités qui coïncident avec la Journée nationale de l'armée sahraouie. Une délégation dont fait partie l'ancien chef du mouvement Ila el amam (En avant !), Abdelaziz Menebhi. Ce dernier, approché par nos soins la veille, a tenu à rassurer d'abord que « les tribus sahraouies n'ont jamais fait partie de l'Etat marocain ». Pour ce militant communiste marocain, « le projet d'autonomie marocain ne tient pas la route. S'il y a négociation elle ne peut se faire que sur la base d'un référendum ». Et de s'interroger : « Comment va-t-il aller vers ces négociations alors qu'il ne veut pas de référendum ? » Mais le président sahraoui avertira déjà que « le gouvernement marocain assume à lui seul le blocage des efforts de la communauté internationale ». Avant d'appeler son peuple et son armée « autour du soulèvement glorieux à rester attachés à nos objectifs sacrés de liberté sous la coupe du Front populaire de libération de Saqia El Hamra et de Oued El Dhahab jusqu'à la victoire, la libération et l'indépendance ». Il convient de signaler que cette manifestation coïncide avec la tenue de la session du printemps du Parlement sahraoui, et ce, pour évaluer les programmes et adopter une série de lois et de législations. Le président de ce Parlement, Mahfoud Ali Bayba, a appelé le Parlement marocain afin de faire pression sur son gouvernement pour l'amener à cesser sa « politique expansionniste ». Cet événement, qui se tient à près de 150 km seulement à l'est de la ville occupée du Sahara occidental Aousserd, est caractérisé par la rencontre des communautés sahraouies établies dans le Sud. Cela est une occasion, signale-t-on, pour un échange d'idées, d'expériences, et pour tracer des programmes d'avenir.