Pour Mohamed Abdelaziz, “dans un problème de décolonisation, la médiation revient à l'ONU, donc le médiateur est le secrétaire général, le cadre est aussi l'ONU et il en est de même pour le lieu”. La région de Mijek a délibérément été choisie par les autorités sahraouies pour la commémoration, cette année, du double anniversaire du déclenchement de la lutte armée par le peuple sahraoui et de “l'Intifada de l'indépendance”. C'est ce qu'a déclaré le président de la République sahraouie (Rasd), Mohamed Abdelaziz, dans la nuit du dimanche 20 au lundi 21 mai, lors de sa rencontre avec les médias algériens. “Mijek est un environnement qui contribue au soutien de l'Intifada. Nous voulions aussi envoyer un message fort pour le royaume du Maroc, mais également pour notre population qui se trouve dans les territoires occupés, et à la communauté internationale”, a-t-il affirmé, en ajoutant à l'adresse de cette dernière : “Nous ne nous soumettrons pas ; les Sahraouis sont toujours attachés à leurs droits nationaux.” Le chef de l'Etat a en outre confirmé “l'annulation” de la visite de l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies dans la région, sans cacher sa “surprise, car la visite de M. Van Walsum a été annoncée officiellement”, ni les interrogations soulevées par ce changement de programme. Interpellé sur la problématique des négociations entre le Front Polisario et le Maroc, M. Abdelaziz a soutenu que “la négociation, pour qu'elle réussisse et aboutisse, exige de bonnes intentions et une volonté réelle de chaque partie”. Ce qui ne semble pas être le cas, selon lui, du côté de la partie marocaine : “L'expérience nous a montré que le Maroc finit à la fin par revenir sur ses décisions et bloque.” À la question de savoir pourquoi le Polisario veut entrer en négociation avec le royaume chérifien, alors qu'il doute de ses intentions, le président sahraoui, également secrétaire général du Polisario, a abordé brièvement la nature coloniale du conflit, en rappelant que la revendication essentielle de son mouvement est de “laisser le peuple sahraoui faire son choix, à travers un référendum d'autodétermination, conformément aux résolutions de l'ONU”. “C'est le Maroc qui a peur des négociations”, a-t-il poursuivi. Pour Mohamed Abdelaziz, “dans un problème de décolonisation, la médiation revient à l'ONU, donc le médiateur est le secrétaire général, le cadre est aussi l'ONU et il en est de même pour le lieu”. Et la prochaine étape sera, d'après lui, celle de “la bataille autour de la souveraineté du territoire, où le peuple sahraoui a son mot à dire démocratiquement”. Au cours de la rencontre, le président de la RASD s'est, par ailleurs, exprimé sur la position française vis-à-vis du Sahara occidental, reconnaissant que “la région représente un grand intérêt pour la France”. Les Sahraouis, a-t-il signalé, espèrent qu'avec le président Nicolas Sarkozy “cet intérêt sera cette fois plus objectif et plus positif”. Pour ce qui est de la position américaine, il a estimé que “l'essentiel pour nous est que les Etats-Unis ne reconnaissent pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, qu'ils ont adopté la dernière résolution du Conseil de sécurité et soutenu les précédentes, et qu'ils attendent donc la confirmation sur le statut du territoire du Sahara occidental”. M. Abdelaziz s'est également exprimé sur la position constante de l'Algérie, en insistant sur l'aide apportée par cette dernière dans le volet humanitaire. “Des pressions politiques ont été exercées sur nous, par le biais de l'aide humanitaire internationale. Cette aide a diminué et des produits comme la farine, le riz, les légumes secs, l'huile et le sucre, ainsi que les médicaments ont disparu. Nous avons alors demandé l'aide à l'Algérie, qui a répondu positivement”, a-t-il précisé. La journée d'hier a été marquée, à Mijek, par la tenue d'un meeting de solidarité avec la deuxième année de l'Intifada, dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine. Une manifestation où les Sahraouis, venus des camps de réfugiés, de la Mauritanie, et même, pour certains, des territoires occupés du Sahara occidental, ont manifesté leur détermination pour la poursuite de la résistance jusqu'à arracher leur “droit à l'autodétermination et à l'indépendance”. H. A.