La commission médicale nationale vient de confirmer le rejet de la demande de placement pour soins à l'étranger, formulée par Badji Mohamed et les professeurs et spécialistes qui l'ont appuyé, et ce, à la suite d'un énième recours introduit pour l'obtention de son droit légitime à la réparation. Dans quel sens et comment comprendre sinon que ladite commission nationale refuse de réparer des erreurs fatales aux citoyens, occasionnées par une pratique médicale qui entache et souille tout le secteur de la santé nationale ? Cette décision jugée injuste et irréfléchie est tombée tel un couperet sur la population de Guelma qui croyait fort aux chances de cet enseignant dévoué et fils de chahid qui se retrouve aujourd'hui condamné à vivre sans pouvoir prononcer un mot, vu la perte totale du langage et à s'alimenter par sonde gastrique. Pourtant, les avis de médecins, de professeurs et de spécialistes s'accordent tous sur le fait que « le malade nécessite une chirurgie réparatrice de reconstruction mandibulaire par le moyen d'une prothèse ou d'un greffon libre », d'autant, disent-ils encore, que « son cas présente une rémission presque totale du cancer, ce qui est une grande victoire des médecins algériens sur cette maladie ». Traité pour un carcinome du rhinopharynx depuis 1997 par chimiothérapie et radiothérapie et par la faute d'un mauvais diagnostic, Badji Mohamed, suite aux irradiations subies, s'est retrouvé atteint d'une ostéoradionécrose étendue de la mandibule ayant entraîné une mesure malheureuse et consistant en l'extraction totale de la mandibule. Aujourd'hui, ce patient est confronté à une situation des plus pénibles, il ne souhaite plus qu'une chose : retrouver ses pleines capacités que la santé nationale lui refuse, et puisqu'il ne peut convaincre cette administration, il ne désespère pas pour autant de trouver aide et assistance auprès d'âmes charitables pour payer les coûts exorbitants pour la mise en place d'une prothèse. L'intervention qu'il doit encore subir pour être définitivement rétabli revient à plus de 700 000 DA et doit se faire en Tunisie, puisque, chez nous, elle ne se pratique pas encore. En attendant d'amasser cette somme, Badji Mohamed vit avec les séquelles douloureuses de cette mandibulectomie (perte de la mandibule) avec des troubles sévères de l'alimentation et du langage. Son cas reste, pour sa part, l'interface négative d'un système de santé qui n'arrive toujours pas à se mettre au diapason de la société et couvrir ses besoins malgré l'aide financière et le savoir-faire de nos compétences, qui, hélas, partent ailleurs.