Profitant de l'occasion offerte par l'événement de l'Année de la culture arabe qui se tient à Alger, la direction du Centre des arts de Ryadh El Feth et la maison de bijoux berbères traditionnels, plus connue sous le nom de Reflets d'argent, ont aménagé un espace pour exposition afin de faire connaître aux visiteurs, assez nombreux, une partie de notre patrimoine culturel. C'est ainsi que dans cette expo-vente nous retrouvons pêle-mêle une multitude de bagues, de bracelets, de colliers et autres boucles d'oreilles, qui viennent directement de l'atelier de M. Ramdani, sis à Tizi Ouzou. Ce dernier, fier de son travail, se fait un plaisir de répondre à toutes les questions des curieux sur l'histoire et les origines de ces produits, mais ne manquera pas d'indiquer que les véritables réponses se trouvent à l'intérieur de son magasin, jouxtant d'ailleurs la salle de spectacle où sont exposés des bijoux berbères datant du siècle dernier. Ce trésor comporte des colliers énormes et des broches d'une vingtaine de centimètres de diamètre qui servaient à tenir les m'léhfa, un habit de femmes berbères du siècle dernier. On y trouve aussi des coiffes, des bracelets et un collier de l'époque ottomane orné d'une multitude de pièces de monnaie frappées à l'effigie du sultan Mahmoud. M. Ramdani essaie d'adapter et de miniaturiser les bijoux traditionnels de Beni Yenni, des Aurès ainsi que ceux des Touareg qui ont conservé au mieux leur mode de vie. Chez Reflets d'argent, on peut trouver aussi une dizaine de modèles sur les 55 existants de la fameuse Croix du Sud qui, contrairement aux idées reçues, n'ont aucun rapport avec le christianisme, mais représentent tout simplement une constellation d'étoiles qui indique la direction du sud. L'argent, les perles noires de verroterie ainsi que la gatte pierre d'Afrique noire, sont, entre autres, les matériaux utilisés pour confectionner ces bijoux ciselés de motifs triangulaires symbolisant la terre ou d'oscillations, symbole des cours d'eau. Les bijoux racontent aussi la rencontre entre les orfèvres touareg et ceux de Beni Yenni grâce aux Croix du Sud décorées à la façon kabyle. Les bijoux de cette région sont plus riches en couleurs car ils reflètent la différence de paysage et de mode de vie. Le corail porte-bonheur est, lui, utilisé pour l'ornement au côté de l'émail. On retrouve la couleur bleu roi pour l'eau, vert bouteille pour la végétation et jaune ocre pour le soleil. L'exposition met en valeur aussi la rencontre avec l'Orient symbolisé par des boules d'argent et du corail taillé en forme de pyramides. Dans l'atelier de M. Ramdani, les méthodes de fabrication héritées de ses aïeux sont intactes si ce n'est l'adoption d'une nouvelle technique. Aussi, par souci de sauvegarde de ce métier, l'orfèvre a transmis son savoir-faire à son fils Mehdi, 19 ans, diplômé de la section bijoux traditionnels du CFPA de Boukhalfa à Tizi Ouzou et dont les œuvres sont aussi présentes dans cette exposition. Une manière d'assurer la relève. L'initiative de Reflets d'argent et du Centre des arts reste louable, car elle permet à de nombreuses délégations arabes et européennes présentes sur les lieux d'avoir une idée sur une facette du patrimoine national.