Du lundi 21 au jeudi 24 mai, le village de Tifrit et la région d'Akbou ont rendu hommage à Haroun Mohamed, le grand militant de l'amazighité, à l'occasion du 11e anniversaire de sa mort. Le programme de cette commémoration a compris, outre une exposition permanente sur ses œuvres à la salle de cinéma d'Akbou, une conférence-débat avec ses compagnons de lutte, plusieurs activités sportives, une soirée théâtrale, le dépôt d'une gerbe de fleurs sur sa tombe et, enfin, un gala artistique animé par une brochette de vedettes de la chanson kabyle à Tifrit, son village natal. Cet homme aux talents aussi multiples que divers s'est dépensé sans compter tout au long de sa vie. Poète, inventeur, chercheur, linguiste, animateur du mouvement associatif, Mohamed Haroun s'était très tôt engagé dans le combat pour la préservation du patrimoine culturel ancestral et dans la lutte pour sa reconnaissance officielle. Membre de l'OFB, l'Organisation des forces berbères, il s'était illustré dans l'affaire dite des « poseurs de bombes », ce qui lui avait valu, à l'époque, une condamnation à mort qui fut plus tard commuée en détention à vie. Il n'a retrouvé sa famille, ses amis et son combat qu'après onze longues années dans les sinistres geôles de Lambèse. Libéré et accueilli comme un héros, ce fils de chahid a continué ses travaux de recherche sur la langue berbère tout en animant des conférences aux quatre coins de la Kabylie et en s'engageant au sein de la première association non gouvernementale des enfants de chouhada qu'il avait contribué à créer. Il est mort terrassé par une maladie due aux séquelles de sa longue et inhumaine détention.