Il y a neuf ans, le 22 mai 1996, disparaissait, suite à une longue maladie, Haroun Mohamed, grande figure du combat pour la reconnaissance de l'identité berbère. En cette occasion, l'association du village Tifrit, son village natal, a tenu à lui rendre un vibrant hommage à travers un programme de festivités commémoratives. Du 21 au 26 mai, il y a au programme une exposition permanente sur la vie et l'œuvre de Mohamed, le dépôt d'une gerbe de fleurs sur sa tombe le 22, ainsi que la finale du tournoi de foot et une conférence-débat avec ses compagnons de lutte le 26. Le clou de la soirée sera un gala artistique avec de nombreuses vedettes de la chanson kabyle. Pour rappel, Haroun Mohamed a œuvré depuis sa plus tendre enfance pour l'épanouissement de la culture amazighe au sein de plusieurs associations culturelles qu'il a souvent lui-même créées ou lancées. Tout comme il a mené de front plusieurs travaux sur la linguistique et la grammaire berbère. Militant engagé mais artiste né, il a également touché à la peinture et a réalisé divers tableaux. Cependant, pour le grand public, il reste connu pour la fameuse affaire des poseurs de bombes qui a défrayé la chronique au milieu des années 1970 et pour laquelle le pouvoir de l'époque l'a condamné à perpétuité avant de commuer sa peine en 20 ans de prison. Haroun Mohamed a purgé 11 longues années dans la sinistre prison de Lambèse et n'a été libéré qu'en 1987. Sa mère est d'ailleurs morte dans un accident de la route en lui rendant visite dans ce maudit pénitencier de Tazoult Lambèse. Après sa libération, accueilli en héros partout où il passait en Kabylie, il a continué son combat malgré l'adversité et une santé déclinante due essentiellement aux privations et au régime spécial des années de cachot. Tifrit, où il repose aujourd'hui du sommeil du juste, ne l'a pas oublié. La Kabylie non plus. Djamel Alilat