Le Centre national des études et recherches préhistoriques et anthropologigues vient de faire d'importantes découvertes dans la région du Hoggar (Sud algérien). Des peintures et gravures rupestres datant de plusieurs milliers d'années, non répertoriées à ce jour, sont passées à la loupe d'une équipe scientifique conduite par le Pr Slimane Hachi, directeur du CNRPAH. La mission qui s'est étalée du 14 au 28 avril dernier a permis de passer au peigne fin le massif de l'Immidir, un paysage féerique situé entre les gorges d'Arak et Moulay Lahcène (400 km au nord de Tamanrasset). Peu connu et très difficile d'accès, le site renferme de nombreuses « galeries d'art » à ciel ouvert, qualifiées de « beauté unique » par le Pr Hachi, lors d'une conférence animée le 22 mai au siège de son institution. Grâce à une projection de haute résolution, les nombreux journalistes ont eu l'opportunité « virtuelle » de partager les moments forts de l'expédition. Par-ci des peintures représentant des troupeaux de bovidés, de chèvres ou de boucs. Par-là une procession d'hommes et de femmes qui, selon le chercheur, s'adonnent à un rituel propre à ces peuples « raffinés et très heureux ». « On dirait que les auteurs de ces œuvres sont sortis tout droit de l'Ecole des beaux-arts tant les techniques sont respectées », fera remarquer le Pr Hachi. Le chercheur a révélé par la suite une « découverte inédite » faite par son équipe lors du même séjour dans la Tahgart, au sud du Hoggar. « Il s'agit d'ossements humains qui auraient vécu dans une période antérieure à celle que nous connaissons, c'est-à-dire 10 000 ans. Nous soupçonnons que ces hommes vécurent entre 20 000 et 30 000 ans. Si tel est le cas, ce sera une première mondiale », a-t-il souligné. Les restes de ces humains ont été découverts dans un site lagunaire, autrement dit un lac qui existait il y a des dizaines de milliers d'années. « Nous allons revenir sur les lieux au mois d'octobre 2007 afin de pousser la fouille encore plus loin et déterminer l'âge exact de ces ossements », a encore expliqué le scientifique. « Ce travail de titan a été rendu possible grâce à la compétence de nos collègues, toutes spécialités confondues, et l'excellent travail de notre infographe Yacine Moussaoui », a ajouté le Pr Hachi. A la question de savoir si le site fait l'objet d'une protection particulière, d'autant que le pillage d'œuvres rupestres a atteint des proportions alarmantes, le directeur du CNRPAH a indiqué que « l'inaccessibilité de la zone dissuaderait plus d'un pilleur ». « Pour nous y rendre, il nous a fallu marcher pendant 25 jours et bivouaquer dans des endroits lunaires. La zone qui fait partie du Parc du Hoggar est à mon sens bien protégée », tient-il à rassurer.