Ariel Sharon a bien préparé son coup, il en était d'ailleurs persuadé. Avant le vote du Parlement sur son projet de retrait, il a lancé son armée à l'assaut de ce qui reste intact dans les territoires palestiniens avec un intérêt particulier pour la bande de Ghaza. Après les récents massacres perpétrés par l'armée israélienne, lors d'une incursion dans le nord de la bande de Ghaza, celui que les Palestiniens surnomment depuis septembre 1982, le boucher de Sabra et Chatila a décidé cette fois de s'en prendre aux citoyens du sud de la bande de Ghaza. Une opération militaire israélienne d'envergure est en cours depuis lundi, dans la région de Khan Younès. Selon des sources sécuritaires palestiniennes, 30 chars, 8 bulldozers géants appuyés par des hélicoptères d'assaut de type Apache et des drones armés (avions espions téléguidés), se sont introduits de près de 800 m dans les zones palestiniennes autonomes, occupant entièrement le quartier dit « autrichien ». Le bilan provisoire de cette nouvelle agression est de 17 morts et plus de 60 blessés. Après la démolition de 3 bâtiments, 60 personnes sont désormais sans abri. L'hôpital Nasser, le plus important de la région, situé à proximité du « quartier autrichien » a été touché par des balles de gros calibre. Beaucoup de morts sont tombés suite aux éclats de roquettes air-sol, lancées par les hélicoptères mais aussi par les drones. Les victimes sont des civils parmi lesquels un enfant de 11 ans, des agents de la police palestinienne dont le local a été bombardé et des militants armés. Selon des témoins, les résistants ont pu détruire un des chars israéliens. Les agresseurs parlent de deux soldats blessés alors que des sources palestiniennes affirment qu'ils sont morts. Le prétexte de la précédente agression au nord était de mettre un terme aux tirs de roquettes contre le territoire israélien. Cette fois, ils veulent empêcher le lancement d'obus de mortier contre les colonies avoisinantes. Le ministre palestinien en charge des Négociations Saëb Erakat a dénoncé l'incursion à Khan Younès comme « une grave escalade militaire ». « A chaque fois que les décideurs en Israël parlent d'un retrait de la bande de Ghaza, le nombre de victimes palestiniennes dans cette région augmente », a-t-il déclaré. L'opération de l'armée a été en effet lancée quelques heures avant le vote du Parlement israélien. Le message est clair et la population palestinienne en a bien saisi la substance.