"Soyons réalistes, exigeons l'impossible ", disait un jour Ernesto Guevara, faisant allusion à l'impossibilité, pour certains détenteurs de pouvoir en Amérique latine, de s'attaquer à la bourgeoisie compradore et de récupérer les richesses des " indigènes ". Constantine : De notre bureau Aujourd'hui, les différentes entreprises algériennes, dans le souci d'être plus performantes, pourraient " exiger l'impossible " afin de se mettre au diapason de l'économie mondiale et des conglomérats et trusts européens et américains. Conscients que quelque chose de nouveau allait se passer dès lors que les barrières douanières s'étioleraient, quelques entreprises algériennes ont compris que pour faire face aux géants asiatiques, européens et américains, il ne fallait pas y aller en rangs dispersés mais en se regroupant, bien que ni la forme et encore moins le fond n'aient pour le moment de structure solide. " Je pense que les associations des entreprises qui se dessinent actuellement doivent déboucher sur des puissances économiques, des consortiums et des cartels, car il n' y a pas d'autres alternatives pour faire barrage à la puissance économique des boîtes étrangères ", nous dira Souici Larbi, président de la chambre de commerce et d'industrie Rhummel (CCIR) de Constantine. Et d'ajouter : " Dans notre vision à la chambre de commerce, nous espérons que les associations patronales se regroupent pour former un partenariat algéro-algérien. Cette association est impérative car toutes les firmes étrangères qui débarquent à Constantine ou dans une autre ville algérienne ne coopèrent qu'avec des entreprises locales faibles ". D'ailleurs, dans le même ordre d'idée, un ambassadeur d'un pays européen déclarait il y a quelques semaines que " la PME dans mon pays est plus forte économiquement que la plus grosse des entreprises algériennes. Je viens chercher des partenaires algériens fiables financièrement. Je ne fais pas de politique, sauf quand il y a des caméras braquées sur moi ". Ces regroupements d'établissements économiques restent la tendance du moment puisque les nombreuses tentatives de coopération avec des firmes étrangères ont presque toutes connu des échecs cuisants. Aussi, M. Souci devait dire encore : " A mon avis, le seul regroupement viable et valable en Algérie reste le CAPI qui devrait être l'exemple à suivre. Il y a une chose que les patrons d'entreprises algériennes, essentiellement des PME, devraient comprendre : l'union des faibles ne débouche pas obligatoirement sur une force. Ces entreprises sont totalement déstructurées, car si actuellement la tendance est aux bâtisses qui vous en mettent plein la vue, à l'intérieur vous ne trouverez pas de structures humaines à même d'aboutir sur des réflexions et des visions futuristes pour l'entreprise. Les reformes envisagées et appliquées jusque-là n'ont pas donné grand-chose car j'estime que nos PME et PMI sont encore en pleine crise d'adolescence ". Il y a bien eu à Constantine quelques essais de regroupements d'entreprises comme cela a été le cas pour le club des entreprises et des industries du grand Constantinois (Ceigc), une concentration d'entreprises à vocation variable qui va de l'entrepreneur en bâtiment jusqu'au producteur de médicaments. Cet essai, même s'il reste à encourager, n'a pas encore débouché sur la grande puissance financière qui traiterait d'égal à égal avec Total ou Pfizer. La vision de regroupement qui tendrait vers " un thé avec le wali " ou un " déjeuner avec le directeur du trésor " devrait céder la place à un conglomérat structuré autour de cadres compétents loin de la notion de boîte familiale et sans aucun concept de népotisme. " L'absence de structure dans les entreprises privées algériennes se reflète à travers un produit comme la confiserie où la qualité locale n'a rien à envier à celle des Turcs ou des Egyptiens, mais ce sont ces derniers qui font un meilleur chiffre d'affaires. Tout cela à cause de la politique de marketing et de management, des notions qui restent très flous et impalpables pour le commun des patrons algériens ", ce sont là les propos, en guise de conclusion, de notre interlocuteur.