Alors que l'on attendait son retour en raison de l'amélioration de son état de santé ces dernières semaines, le président cubain fait une sortie à la “Mandela” en annonçant officiellement son retrait de toutes ses hautes fonctions. Dans un message signé de sa main et daté du 18 février à 17h30, heure locale, Fidel Castro a définitivement écarté la possibilité de son retour aux affaires de l'Etat, en mettant un terme à près d'un demi-siècle de pouvoir absolu. “Connaissant mon état de santé critique, beaucoup pensaient à l'extérieur que le renoncement provisoire à la charge de président du Conseil d'Etat le 31 juillet 2006, que j'ai laissée entre les mains du premier vice-président Raul Castro Ruz, était définitif”, écrit le leader Maximo pour montrer sa détermination à se retirer. Estimant que “le moment est venu de postuler et d'élire le Conseil d'Etat, son président et son vice-président”, il réaffirme sa détermination à tirer sa révérence, en ajoutant : “Je n'aspirerai ni n'accepterai — je répète — je n'aspirerai ni n'accepterai la charge de président du Conseil d'Etat et de commandant en chef.” Dans cette optique, Castro fera référence à la convocation dimanche 24 février du Parlement, élu le 20 janvier, qui se réunira pour désigner en son sein les plus hautes instances exécutives du régime communiste. Voilà une annonce inattendue, qui permet au vieux dirigeant cubain de sortir par la grande porte en imitant le leader sud-africain Nelson Mandela. Certes, les parcours des deux hommes sont loin d'être similaires, mais Castro aura eu le mérite de quitter le pouvoir à temps, s'offrant ainsi une sortie par la grande porte. Avec son éternel uniforme vert olive, sa barbe et ses cigares, il a symbolisé le guérillero victorieux durant la guerre froide. Malheureusement pour lui, l'embargo imposé par les Etats-Unis et le soutien irrégulier de l'ex-URSS ont fait qu'il n'ait pas pu mener à bien sa mission de développement de Cuba. La chute du régime soviétique au début de la décennie quatre-vingt-dix n'a fait que rajouter à ses difficultés de sortir le pays de la crise sociale. Malgré cela, il aura résisté à toutes les pressions occidentales, notamment américaines, en maintenant le seul régime communiste du monde occidental, 17 ans après la chute du mur de Berlin et 15 ans après celle de l'Union soviétique. Demeurant serein et réaliste, après sa longue maladie, une grave hémorragie intestinale, Fidel Castro soulignera que sa “première obligation après tant d'années de lutte était de préparer à mon absence, psychologiquement et politiquement. Jamais je n'ai cessé de signaler qu'il s'agissait d'un rétablissement qui n'était pas exempt de risques”. Dans le texte publié dans l'édition électronique de Granma, il semble confiant quant à la survie du régime cubain en affirmant : “Heureusement, notre processus compte encore avec des cadres de la vieille garde, unis à d'autres qui étaient plus jeunes quand a commencé la première étape de la révolution.” Il ne fait aucun doute, cependant, qu'il ne sera pas loin des arcanes du pouvoir comme l'indique sa conclusion dans laquelle, il écrit : “Je ne vous fais pas mes adieux. Je souhaite combattre comme un soldat des idées. Je continuerai à écrire sous le titre “Réflexions du camarade Fidel”. Ce sera une arme de l'arsenal avec lequel il faudra compter. Peut-être ma voix sera-t-elle entendue. Je serai prudent. Merci.” Il faut dire qu'après un demi-siècle de règne, le leader cubain qui s'est voulu, avec son compagnon Ernesto Che Guevara, le champion de l'exportation de la révolution communiste en Amérique latine, mais aussi en Afrique et même en Asie, aura du mal à s'éclipser aussi facilement. K. ABDELKAMEL