L'initiative est assurément la première du genre dans le monde arabe et musulman. Dix milliards de dollars ont été alloués d'une traite par le Premier ministre émirati, Mohammad Ben Rached Al Maktoum, à la promotion de l'éducation dans le monde arabe et musulman. L'annonce en a été faite officiellement le 19 mai devant un aréopage de chefs d'Etat réunis à Shouneh (Jordanie), à l'occasion du Forum économique mondial (FEM). De par sa nature, son envergure et son poids financier, l'initiative « personnelle » de l'émir de Dubai a de quoi épater. En cela que les pétromonarchies du Golfe avaient habitué le monde aux extravagants projets, rarement en rapport avec le secteur de l'éducation. Le nouveau pari du deuxième homme fort des Emirats ambitionne, selon ses déclarations, de combler « sans délai le déficit énorme en savoir que connaissent les pays de la région ». Le fonds qui sera géré par la Fondation Mohammad Ben Rached Al Maktoum servira à financer des programmes éducatifs, de recherche, des infrastructures, à prendre en charge les besoins de la communauté scientifique. Etudiants, universités et institutions éducatives et scientifiques peuvent prétendre, sans intermédiaire, aux aides directes fournies par la fondation. En déplacement en début de semaine en Corée du Sud, le Premier ministre émirati a indiqué que les aides en question ne transiteront pas par les instances gouvernementales. Une mesure dictée par le souci de garantir la « réussite » de l'opération. Celle-ci aura comme délai exécutoire la fin de l'année en cours. Un groupe de travail a été mis sur pied et aura la charge de définir les critères de sélection des étudiants candidats à la prise en charge dans les meilleures universités et facultés mondiales. Ce groupe constitué de « jeunes cerveaux » tracera également la politique à suivre en matière d'aide économique, notamment en ce qui a trait au soutien qui sera apporté aux inventeurs et autres créateurs, aux petites et moyennes entreprises. « Entre nous et le monde développé existe un écart considérable en matière d'éducation. Notre seule option est de combler rapidement ce fossé, car notre époque repose sur le savoir », a déclaré l'émir de Dubai. Outil de pénétration économique, les fonds dégagés par les bons samaritains des Emirats serviront incontestablement à baliser le terrain pour les puissants groupes économiques du pays. « Les Emirats, affirmait encore l'émir de Dubai, veulent jouer un rôle économique dans la région et non politique. » Une démarche qui explique l'intérêt toujours grandissant des deux principaux groupes économiques des Emirats, Holding Dubai et Emmar en l'occurrence, pour les pays arabes. Moins de dix jours après la création de la Fondation Mohammad Ben Rached Al Maktoum, l'Organisation de la conférence islamique annonce de son côté la création d'un Fonds pour la lutte contre la pauvreté dans le monde islamique, doté de 10 milliards USD. Le Koweït et l'Arabie Saoudite ont déjà annoncé qu'ils consacreraient respectivement un milliard et 300 millions de dollars à ce fonds.