La loi de finances 2007, approuvée par le parlement sortant et signée par le président de la République, est déclarée « inapplicable » par le ministre de l'Intérieur, du moins dans son chapitre relatif au soutien financier aux victimes du séisme d'octobre 1980. Elle a en effet prévu une « aide de 100 millions de centimes et un prêt bancaire à des taux bonifiés pour les sinistrés », destinés à financer le remplacement des 20 000 logements en préfabriqué. Interrogé sur son application lors d'une rencontre avec la presse, en marge de la visite effectuée la semaine dernière par le président de la République, Nourredine Yazid Zerhouni a surpris tout son monde en déclarant que cette loi a été votée par des députés ayant fait « dans la démagogie » et ne peut être, de ce fait, appliquée par son gouvernement. Il considère qu'une « bonne partie des sinistrés a vendu ses biens ou a construit de nouvelles habitations » et que l'Etat ne s'engage à « reconstruire que pour les 6300 locataires de ce genre d'habitat ». Si l'on suit son raisonnement, les 12 000 propriétaires de ces habitations ne doivent plus compter sur le soutien de l'Etat et doivent se débrouiller ou contracter un prêt bancaire à des « taux bonifiés » pour des aménagements internes. En tout cas, cette déclaration du ministre de l'Intérieur a fait passer au second plan la tournée du chef de l'Etat dans la région, tant elle monopolise la discussion sur le revirement inattendu des autorités centrales vis-à-vis d'un problème crucial qui relève de la responsabilité de l'Etat. Il est évident que la persistance de cette grande plaie du séisme d'octobre 1980 fait peser de réels dangers sur la santé des occupants, dans la mesure où nombre d'entre eux souffrent déjà de graves maladies. De plus, beaucoup de familles n'ont ni les moyens ni la capacité financière pour reconstruire sur les lieux ou bénéficier d'un crédit bancaire pour le même usage. Alors que nous mettons sous presse, une déclaration nous a été remise par les responsables des comités de quartier, dans laquelle ils interpellent le président de la République sur les déclarations faites dans ce sens par son ministre de l'Intérieur. Ils insistent sur la nécessaire mise œuvre du dispositif d'éradication du préfabriqué, à travers l'application de la loi de finances 2007, estimant que « 60% des cancéreux au niveau national sont issus de la région de Chlef ». Ils demandent l'envoi d'une commission d'enquête et l'ouverture du dialogue entre l'administration et la société civile en vue de discuter de l'épineux dossier du préfabriqué.