A l'indépendance, le slogan était fixé par décret. Un seul héros, le peuple. Grâce à ce montage savant, Ben Bella demandait aux Algériennes leur or pour construire un pays dévasté par la guerre. Les Algériennes, généreuses et confiantes, donnèrent leur or, qui ne leur a jamais été rendu. Dans les années 1970, Boumediène manquait de terres pour en finir avec l'agriculture et demandait aux Algériens quelques millions d'hectares. Les Algériens, généreux et fidèles, donnèrent leurs terres pour la révolution agraire, ne réalisant pas que quelques révolutions plus tard, de riches propriétaires fonciers allaient dépecer le pays. Dans les années 1980, devant l'arrivée des nouveaux milliardaires défiscalisés, Chadli, en constatant les caisses vides et ne faisant pas le lien entre les deux phénomènes, organisait la collecte par un système d'impôt à la source, pénalisant les salariés et les petits commerçants. Les Algériens et Algériennes, généreux et dociles, se firent prendre leur argent pour construire des routes, des écoles et quelques piscines privées au passage. Dans les années 1990, Ouyahia, qui n'avait plus de monnaie, décidait de ponctionner les travailleurs à la source, oubliant lui aussi de taxer les milliardaires non déclarés qui circulaient autour du gouvernement en ne payant pas un centime. Dans les années 2000, l'ENTV, sans qu'on lui ait demandé, organisait un téléthon et pressait les Algériens et Algériennes de donner de l'argent pour la bonne cause. Les Algériens et les Algériennes donnèrent le peu qu'ils leur restait et n'ont jamais vraiment su où était allé tout cet argent. Peut-être faut-il retourner à la source et rendre d'abord l'or des Algériennes, pour ensuite remonter le cours de l'histoire et instaurer un ordre un peu plus juste. Les Algériens et les Algériennes donnent depuis trop longtemps. Ils méritent bien une médaille. En or.