Ils étaient près de 200 chercheurs à observer un sit-in hier à l'intérieur du siège du Commissariat à l'énergie atomique (Comena). A l'appel de leur section syndicale, ces travailleurs du Centre de recherche nucléaire d'Alger (CRNA) se sont rassemblés, deux heures durant, devant leur direction générale, exprimant leur mécontentement quant à la manière avec laquelle est géré un secteur aussi sensible que celui de la recherche nucléaire. « Si nous avons appelé à ce sit-in, c'est parce que toutes les voies de recours ont été épuisées », souligne Djamel Imatoukène, chercheur et chargé de l'information au sein de la section syndicale. « Au lieu de privilégier le dialogue avec le syndicat et les employés en vue de régler les problèmes posés, les responsables du Comena ont préféré user de la menace et d'intimidations, mettant en avant la voie judiciaire comme moyen de taire la protesta », regrette-t-il. Les revendications de ces chercheurs datent de plus de sept ans. Elles sont liées à l'absence de stratégie de développement dans le secteur, qui semble être délaissé. « Qu'ils nous disent ce qu'ils veulent faire de nous. Nous ne disposons pas d'un statut digne de ce nom. Même le règlement intérieur arrive à expiration », relève Bouzid Boudena, membre syndical. Selon lui, le statut existant est devenu caduc. Il remonte à 1986. « Du point de vue juridique, nous ne sommes pas en situation régulière », observe-t-il. Outre cet aspect, la section syndicale soulève d'autres problèmes socioprofessionnels, comme le logement, le blocage de la promotion de certains chercheurs qui disposent d'une expérience de plus de 25 ans et la revalorisation de certaines indemnités liées à la recherche. La section syndicale dénonce également l'immixtion du Comena dans les affaires relevant des prérogatives du directeur du centre. A ce propos, nous avons tenté vainement de joindre l'un des responsables du Comena. Face à la sourde oreille des responsables du secteur, les chercheurs du CRNA se déclarent décidés à poursuivre leur protestation aujourd'hui. « Si la tutelle ne réagit pas favorablement à nos doléances, nous irons vers une grève à la rentrée sociale prochaine », menace M. Imatoukène. « Ils ne nous laissent pas le choix », lâche-t-il. Depuis la création du Comena en 1996, les chercheurs n'ont cessé de revendiquer leurs droits et de demander la relance de la recherche nucléaire sur des bases clairement définies. Sans résultat. Les mêmes problèmes soulevés en 2000 restent posés. « A chaque fois qu'on proteste, ils placent un nouveau responsable au Comena sans pour autant faire quelque chose pour régler les problèmes persistants », fait remarquer M. Boudena. D'après lui, depuis son installation, le commissariat a connu trois responsables. En plus, ce même commissariat a changé de tutelle deux fois. Il a été mis, à sa création, sous le contrôle direct de la présidence de la République puis sous la tutelle du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. En juin 2006, il a été placé sous l'autorité du ministère de l'Energie et des Mines, lequel ministère a promis de prendre en charge l'ensemble des revendications des travailleurs et même de répondre à leurs soucis et préoccupations concernant le développement de leurs activités. Mais jusque-là, il n'y a que des promesses. Le secteur a perdu depuis 2000 près de 150 chercheurs. Il risque d'en perdre d'autres au moment où l'Algérie s'apprête à signer un accord de coopération avec les Etas-Unis dans le domaine de la recherche nucléaire. Un accord qui devrait être paraphé le 9 juin prochain à Alger.