C'est ART qui est venu (une fois de plus) au secours des sportifs algériens en retransmettant en direct le match Cap Vert- Algérie disputé pour le compte des éliminatoires de la prochaine coupe d'Afrique des nations. L'Unique réduite à diffuser un maigre résumé de la rencontre, on imagine la grande frustration qui s'est emparée des inconditionnels de la sélection nationale ne possédant pas la carte-abonnement donnant accès au bouquet arabe commercialisé par le groupe égypto-saoudien. On pensait que dans pareille circonstance, la télévision algérienne devant la très grande — et légitime — attente des téléspectateurs qui lui sont fidèles n'allait pas hésiter un instant à faire les “sacrifices” financiers qui sont certainement conséquents pour répondre aux impératifs de la commercialité concernant les retransmissions de matches dans lesquels les Verts sont impliqués, et de surcroît lorsque le challenge est décisif pour la qualification. Mais non, les moyens étant ce qu'ils sont, on n'a pas fait l'effort du côté du boulevard des Martyrs pour éviter l'attitude qui consiste à faire le dos rond, préférant ainsi s'en remettre — comme le stipulent les explications de la direction des sports — au principe du droit quasi sacré de retransmission détenu par la firme en question et qui ne peut être négociable au risque de perdre son exclusivité. Résultat des courses : Les Algériens, sans ART, n'avaient aucune chance, en tout cas aucune autre issue, de suive l'évolution des leurs en terre capverdienne. Et le grand paradoxe, c'est de voir que d'autres concurrents dans le registre de l'audiovisuel, plus puissants ou plus perspicaces, viennent vous narguer sur votre propre espace, vous priver de votre propre image et faire du business avec votre propre produit sans que vous ayez la moindre capacité de lui faire opposition. La triste expérience de la coupe du monde de football, encore vivace dans les esprits, est là pour nous conforter dans l'idée que le mouvement satellitaire qui déverse des flots ininterrompus d'images sur la planète entière est avant tout un phénomène de domination où le profit est érigé en règle impartiale. Le ciel, on l'a déjà dit, est devenu un vaste terrain de confrontation ou seuls les puissants sont assurés de gagner. C'est valable pour tous les aspects de la vie sociétale. Si dans le monde du spectacle et du sport, le commerce de l'image est plus que jamais soumis à la loi du plus offrant, c'est cependant dans la sphère politique que les dégâts sont considérables compte tenu des manipulations qui sont effectuées sur ces mêmes images auxquelles est attribuée une fonction moins mercantile mais certainement plus pernicieuse lorsqu'il s'agit de conditionner des opinions. Coïncidence frappante ou pas, ce sont encore les images qui nous viennent d'un pays arabe, en l'occurrence le Qatar, qui nous posent problème en cherchant désespérément à imposer aux Algériens un mode de pensée qui ne correspond pas toujours à la réalité. En fait, on reparle de la chaîne El-Djazira, qui est très suivie dit-on en Algérie, pour signaler sa persistance à vouloir coûte que coûte réhabiliter — quand il n'est pas question de carrément le sacraliser — le mouvement terroriste porté par le GSPC sous la bannière d'ElQaida, au moment où celui-ci se trouve en déperdition depuis que les forces de sécurité ont repris l'offensive en Algérie. Là aussi il y a une curiosité troublante à constater l'intérêt soutenu accordé à une organisation criminelle sous prétexte qu'il relève du fait informatif. El Djazira partie prenante d'une option politique orientée vers la déstabilisation de l'Algérie, c'est plus qu'une évidence aujourd'hui lorsqu'on voit cette télévision qui ne cache nullement ses accointances avec les courants intégristes arabes,diffuser par exemple en boucle un enregistrement vidéo du GSPC faisant l'apologie d' El Qaida et montrant, pour mieux frapper les esprits,le fils de Ali Benhadj au maquis en tenue militaire, posant avec une kalachnikov et déclarant “avoir rejoint le maquis afin d'appliquer la loi d'Allah”. Cette image passe et repasse dans El Djazira non pas pour faire de la pub gratuite au rejeton de l'ex-leader du FIS dissous qui ne représente pas grand chose pour les stratèges du terrorisme international, mais bien pour exploiter un vieux mythe déchu qui laisserait croire aux algériens que la subversion salafiste est encore suffisamment active pour mettre le régime en difficulté. La technique de la bande annonce qui a été précédée par d'autres, comme celles se rapportant au double attentat terroriste visant le palais du gouvernement et le commissariat de Bab Ezzouar, est en fait un redoutable instrument de propagande contre lequel les moyens de défense paraissent dérisoires tant que la télévision nationale reste passive. C'est d'ailleurs sur le repli politique de l'Unique que semble prospérer les chaînes étrangères à commencer par El Djazira qui se croit en terrain conquis tant les contre-attaques algériennes sur des sujets aussi sensibles se font désirer. Et pourtant cette image rapportée par la chaîne qatarie est elle même une réponse au mythe Belhadj. Elle détruit sa thèse selon laquelle la disparition de son fils, signalé au maquis, est une pure invention des services algériens. Une vraie info contre le mensonge, il faut savoir oser.