Le coup de gueule face aux promesses africaines du G8 est d'abord venu du chanteur irlandais de U2, Bono : « Ils disent 60 milliards pour le sida, la tuberculose et la malaria, et ça sonne bien, mais ce n'est pas exclusivement consacré à l'Afrique, c'est un chiffre global, et il n'y a pas d'échéance ». Outre l'enveloppe des 60 milliards, les huit ont réaffirmé leurs engagements de doubler, par rapport à 2004, l'aide au développement dans les pays pauvres d'ici 2010. A cette date, l'aide représenterait 50 milliards de dollars par an, dont 25 milliards pour l'Afrique. Mais le constat reste amer, selon le quotidien burkinabé Le Pays, qui considère que l'aide au développement dont l'augmentation a été annoncée l'année dernière n'est pas effective. « Pis, elle baisse. Sur une augmentation de 50 milliards d'ici à 2010, le flux de l'aide publique en 2006 était déjà en régression de 38,8 milliards à 38,1 milliards de dollars. C'est dire que derrière les beaux discours et les thèmes pompeux se cachent des intentions pas toujours honnêtes parce que pas réalistes ». L'ONG Oxfam indique, dans un communiqué, que les 60 milliards de dollars pour le VIH/sida, la santé, la tuberculose et le paludisme « représentent, tout au plus, une augmentation de l'aide de 3 milliards en 2010. Elle est la bienvenue, mais elle est de 27 milliards de dollars en-deçà de l'augmentation promise par le G8 en 2005 ». Pour l'éditorialiste du site web lefaso.net, l'aide décidée par les huit géants n'est qu'une « entourloupe ». Il explique que Angela Merkel, qui assure la double présidence de l'Union européenne (UE) et du G8, a tenté de convaincre ses homologues d'abandonner l'approche globale du développement du Sud et de cibler désormais l'aide publique au développement (APD) sur les pays qui font des efforts en matière de bonne gouvernance et de liberté d'entreprise. Elle a profité aussi de cette tribune pour essayer de convaincre les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) de signer avec l'UE les Accords de partenariat économiques (APE) au plus tard le 31 décembre 2007. « Sur ce dossier, rien n'est gagné d'avance car les pays d'ACP redoutent fort les conséquences de l'ouverture de leurs marchés aux produits étrangers. L'arrivée massive et brutale de poulets congelés dans de nombreux pays africains en 2005 n'ayant pas laissé que de bons souvenirs, rien ne permet en l'état actuel de croire que toutes les six zones économiques des ACP signeront les APE à la date indiquée », s'alarme l'éditorialiste Joachim Vokouma. Selon la Banque mondiale, avec la baisse des montants du programme d'aide au développement, la pauvreté ne diminuera que de 37% d'ici 2015.