Après Un rêve algérien en 2003 et Algérie, mes fantômes en 2004, le réalisateur Jean-Pierre Lledo signe Ne restent dans l'oued que ses galets. Ce nouveau film documentaire de trois heures sera projeté en avant-première mondiale, mercredi prochain, à partir de 17h, à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth à Alger. Cette nouvelle production est perçue par le réalisateur Jean-Pierre Lledo comme une sorte de trilogie d'exil, qui a pour unité personnelle l'histoire coloniale algéro-française, pour approche la fraternité et pour sujet la mémoire et l'identité. Le réalisateur explique que les trois films tentent de répondre à la même question de l'échec d'une Algérie qui, « en devenant indépendante, n'a pu ou n'a su rester multiethnique et multiculturelle, puisqu'en 1962, la quasi-totalité de la population d'origine juive et chrétienne quitte précipitamment son pays ». Le synopsis de Ne restent dans l'oued que ses galets tente de répondre à certaines interrogations, dont, entre autres, 43 ans après l'exode massif des juifs et des pieds-noirs, consécutif à l'avènement de l'indépendance de l'Algérie en 1962, que reste-t-il de cette cohabitation dans la mémoire des Algériens d'origine berbéro-arabo-musulmane ? Pour les besoins de ce film documentaire, quatre personnages, en quête d'une vérité sur leur propre vie, reviennent sur leur enfance durant les années de guerre qui furent aussi les dernières décennies de la colonisation française… En retournant vers leurs origines, d'est en ouest, de Skikda à Oran, du début à la fin de la guerre d'indépendance, ils reconstituent un portrait inédit de l'absent… C'est un film qui a été tourné entièrement en Algérie entre octobre 2005 et mai 2006 avec une coproduction de la télévision algérienne et de la boîte de production Naouel Films, soutenu en partie par la manifestation « Alger, capitale de la culture arabe ». Jean-Pierre Lledo estime que son film documentaire est un genre qui n'existe pas en Algérie. Il espère, toutefois, que son nouveau-né aidera les générations à mieux penser leur avenir métissé, « qu'il concernera toux ceux qui dans le monde sont les héritiers d'histoires violentes, lesquels confrontés aux mêmes traumatismes, questions, silences, ont le même besoin vital de vérité », argumente-t-il. Il est à noter que le film documentaire Ne restent dans l'oued que ses galets sera projeté, ce mercredi, en version numérique, en attendant d'avoir les fonds nécessaires pour le monter sur pellicules. A ce propos, le réalisateur révèle qu'il n'a reçu, jusqu'à ce jour, aucun centime du FDATIC : « Cela m'aiderait à monter au moins mon film sur pellicule afin de le faire passer dans les salles de cinéma. »