Malgré sa position géographique au centre d'un grand carrefour d'échanges commerciaux, limitée au nord par les wilayas maritimes de Skikda et Annaba, et au sud, par les plaques tournantes de négoce, telles Constantine et Souk Ahras, la wilaya de Guelma ne joue pas son rôle de foyer de transit important dans les échanges commerciaux et de centre névralgique pour l'investissement. Cette situation est à imputer à de grosses tares et autres lacunes en matière de réseaux routier et ferroviaire, ainsi que dans l'investissement. Dans sa torpeur, l'industrie locale y est également pour beaucoup. Le réseau routier, constitué de 266 km de routes nationales, de 436 km de chemins de wilaya et plus de 900 km de chemins communaux, peut être considéré comme appréciable, mais il doit être mieux entretenu et renforcé, notamment la RN20 entre Aïn Amara et Selaoua Anouna, un tronçon qui devait être livré fin mars 2007, mais qui « patauge » toujours. Où sont les solutions techniques pour les affaissements et les glissements de terrain ? Même chose du côté de la RN21 à la sortie de Guelma. On parle de réfection des chemins de wilaya et communaux, mais qu'en est-il au juste ? Il était question d'arrêter une priorité pour près de 40 chemins communaux à travers la wilaya de Guelma, mais pour quand ? Le lancement des travaux de l'autoroute Est-Ouest a été, il y a quelques jours, inauguré en grande pompe, à l'extrême sud de la wilaya, à Aïn Benbeïda. La belle affaire pour la région, puisque de cette autoroute, elle ne verra que 2,3 km la traverser. Le chemin de fer à Guelma, faudrait-il encore en parler au risque de se répéter ? Comme on le sait, son importance dans une relance économique est stratégique. L'industrie locale, un grand mot qui ne veut plus rien dire du tout, tourne à 10% et les clefs sont déjà sous le paillasson. Pour Cycma, seule l'armée, nous dit-on, peut la sauver, et pourquoi pas ? L'ECVE a été reprise par un groupe italien il y a quelques semaines, une cession, a dit un responsable de l'ECVE, qui est porteuse de grandes espérances. On en attend toujours un produit sur le marché. Quant à l'usine de sucre, réduite à sa plus simple expression, soit comme raffinerie de sucre roux dans un premier temps, elle est actuellement sur la voie de garage. Encore un investissement stratégique qui est laissé en proie à la rouille. En clair, pourquoi ne pas réhabiliter la betterave sucrière ? Plusieurs années se sont écoulées depuis la création des zones industrielles et d'activités à travers la wilaya, pour justement accueillir d'éventuels investisseurs, mais sur le terrain, on n'en est même pas aux balbutiements. Les zones industrielles de Belkheir, de Hadjar Mengoub, n'est que désolation ; on peut voir quelques bâtisses éparses, mais point d'investissement. Entre blocages administratifs et investisseurs aventuriers sans lendemain, Guelma serait-elle fuie pour son apathie ? Vraisemblablement, oui, hormis quelques unités de transformation agro-alimentaires qui ne répondent que partiellement aux besoins de la population. Le secteur du tourisme n'est guère reluisant, puisque, sérieusement, il n'y a pas l'ombre d'un investissement digne de ce nom. Finalement, cette région n'attire que quelques curistes pour les sources thermales de Hammam Debagh et de Hammam Ouled Ali, ou des groupes de pieds-noirs en mal du pays. L'investissement, c'est d'abord le nerf de la guerre, c'est-à-dire les banques. Or, pourrait-on parler de banques, si celle Centrale d'Algérie n'existe pas ? Enfin, elle est en construction, apprend-on. Comble de l'ironie, même l'économie de bazar, florissante dans notre pays, peine à se développer à Guelma.