Récemment, la société allemande GTZ, spécialisée dans tout ce qui a trait aux aspects environnementaux, avait sollicité Abderahim Hafiane, architecte et docteur en urbanisme, pour étudier en commun une approche sur la ville d'Annaba. L'initiative est motivée par l'incohérence, le dysfonctionnement et le déséquilibre qui caractérisent l'urbanisme de la 4e ville d'Algérie. Elle est qualifiée de pertinente, compte tenu qu'il est recherché l'implication de l'ensemble des acteurs directs et indirects de la ville dont le ministère délégué à la Ville. Ce dernier a été récemment supprimé. Y sont incluses, les populations dont les représentants devraient collaborer à l'élaboration d'une nouvelle politique de la ville. Comme une traînée de poudre, l'information a rapidement fait le tour de toutes les communes de la wilaya. Surtout celle du chef-lieu de wilaya, de tout temps confrontée à de constantes agressions de son environnement, notamment urbanistique. Sidi Harb, Bouhdid, Plaine-Ouest, Pont-Blanc, La Caroube, Seybouse, El Hadjar, El Bouni, Sidi Salem, Boukhmira, Berrahal… sont autant de sites défigurés. Particulières ou collectives, des constructions y ont été érigées sans aucun respect des normes urbanistiques. Des promoteurs immobiliers ont saisi l'occasion que leur offrait la concrétisation du programme présidentiel du million de logements, pour tenter d'imposer « le fait accompli ». Il en est ainsi de ces dizaines de logements réalisés dans le cadre du logement social participatif à El Bouni. Le promoteur a mis à concrétisation son projet sans qu'il ait bénéficié d'un permis de construire. A Gassiot, Mont-Plaisant, Oued Forcha, Sidi Salem, El Bouni, avenue de l'ALN, La Caroube, d'autres promoteurs et des constructeurs particuliers ont accaparé la voie publique ou les terrains domaniaux. Le Plan directeur d'architecture et d'urbanisme (PDAU), les Plans d'occupation des sols (POS) se sont transformés en trompe-l'œil. Des destructions ont été opérées par les communes. Elles n'ont touché que ceux qui n'avaient pas « le bras assez long » pour régulariser leur situation. Depuis des années, Annaba est soumise à l'éclatement de son espace, à des dysfonctionnements de son milieu urbain et à la perte de son identité. « La ville est un processus qui se déroule dans un cadre marqué par une ambiguïté entre pratiques, cadre réglementaire et instruments d'urbanisme élaborés ou en cours d'élaboration », précise M. Hafiane. C'est dire que Annaba, ville de dimension régionale et ouverte sur l'extérieur, ne possède pas de projet urbain clairement défini. En l'état actuel des choses, vouloir cerner à travers des micro-opérations d'aménagement et de promotions immobilières, les prémices d'une transformation des constituants typomorphologiques, relève de l'impossible. Pourtant, la ville dispose actuellement d'un instrument d'urbanisme (PDAU) approuvé en 1997. Toujours en vigueur, il subit des modifications importantes de sa structure spatiale. Ce qui, selon les urbanistes, est en contradiction avec les orientations des instruments d'urbanisme. Les mêmes sources précisent que ces instruments découlent d'une conjonction d'une série d'événements, de décisions, de mécanismes institutionnels et de pratiques sociales diversifiées. Ce que souligne M. Hafiane en affirmant : « L'espace de la ville notamment intercommunal a toujours été traité sans référence à la structure urbaine. Les notions de centralité, de dynamique urbaine, de tendances de croissances urbaines sont absentes ».