Longtemps considéré comme un vocable quelque peu virtuel en raison d'une résonance presque nulle, aussi bien à l'université Mentouri que dans son environnement économique, l'incubateur d'entreprise semble aujourd'hui en bonne voie de gagner ses premiers galons, grâce à une succession de rencontres d'étude qui a permis à tous les partenaires de mieux se positionner par rapport à ce grand projet toujours en gestation, tant le chemin à parcourir est semé d'embûches. Intéressante à plus d'un titre, la dernière rencontre en date a réuni au département d'audio-visuel de l'UMC, un panel d'enseignants-chercheurs, doctorants et d'étudiants de magister en fin de cycle, des représentants du monde économique, et d'un conseiller du ministre de la PME et de l'Artisanat. Il s'agit en l'occurrence de Yacoub Kaddour, conseiller chargé de la recherche et de la formation. Dans son exposé, ce dernier a particulièrement insisté sur la nécessité de poursuivre et de renforcer les relations de partenariat entre la communauté universitaire et le secteur de la PME, sur la base d'un protocole d'accord conclu entre les deux partenaires. D'emblée, l'intervenant précisera les grandes lignes de cet accord, qui sont les suivantes : encouragement et accompagnement dans la mise en place d'incubateurs et de pépinières d'entreprises, création des conditions nécessaires à la prise en charge des préoccupations des PME dans l'effort national de recherche scientifique, émergence de pôles d'excellence et technologiques, et circulation de l'information scientifique et technique entre les institutions des deux secteurs. Toutefois, par rapport à ce canevas, le conférencier dressera un état des lieux révélateur des obstacles qui restent à surmonter, pour mener à bien ce grand projet. S'appuyant sur la problématique des relations tissées entre la PME et l'université, il mettra l'accent sur « l'inertie manifestée par la PME en matière d'innovation, de recherche et de développement, l'incapacité des centres de recherche à valoriser les produits de leurs investigations par un réel transfert vers l'entreprise et la persistance de la vieille technologie dans la PME ». Soulignant que l'innovation n'est pas perçue par les PME comme un facteur de compétitivité, et que la démarche recherche-développement est ralentie du fait de l'absence de mesures incitatives, le conseiller du ministre de la PME estime indispensable « d'encourager toute initiative innovante au sein de l'entreprise, de développer les capacités de l'innovation des PME pour mieux s'adapter aux nouvelles technologies et de réduire le taux de mortalité des nouvelles PME à travers notamment les pépinières d'entreprises ». Pour ce faire, précise l'intervenant, il est important de sensibiliser les PME sur la nécessité de l'innovation technologique dans la promotion de leur compétitivité, et ce, conformément aux exigences de l'accord de partenariat signé avec l'Union européenne, et en prévision de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Rappelons qu'il existe en Algérie 362 112 PME, dont 259 282 sont issues du secteur privé, 849 du secteur public, et 101 981 artisans, le tout absorbant 865 932 salariés, dont la grosse majorité (665 464) exerce dans le secteur privé. Le représentant du ministre soulignera les actions à entreprendre pour hisser nos PME à un haut niveau de compétitivité. Dans ce volet, les points cardinaux de ce vaste dessein reposent sur « l'élaboration d'une politique nationale d'innovation, la formation pointue des managers des PME et du personnel chargé de l'innovation, la mise en place d'enquêtes sur les PME innovantes, et la création de réseaux régionaux de l'innovation ».