Ni le directeur principal des détenus, M. J. Alan Liotta, ni la sous-directrice du bureau des investigations sur les crimes de guerre, Mme Sandra Hotgkinson n'ont pu donner des explications convaincantes, hier, lors de la vidéo-conférence, organisée au sein de l'ambassade US à Alger, sur la prison de Guantanamo Bay. A partir de leur bureau à Washington, les deux responsables ont usé d'un langage diplomatique, pour présenter Guantanamo comme un établissement pénitentiaire dont « les conditions de vie sont bien meilleures que dans le reste du monde ». Pour eux, le qualificatif de « trou noir » utilisé par les ONG internationales des droits de l'homme est « inacceptable » et lui préfèrent plutôt « un modèle » en matière de prise en charge. « Les prisonniers sont mieux traités à Guantanamo que ceux détenus par Al Qaïda », a révélé M. Liotta. Interrogé sur le refus des visites de cinq rapporteurs de l'ONU, la sous-directrice du bureau des investigations a déclaré que l'invitation leur a été transmise, mais il l'ont déclinée. « Nous sommes dans un camp militaire et personne n'a le droit de parler aux détenus sans la présence du personnel américain. Chaque jour, nous obtenons de nouvelles informations qui nous permettent de mener des opérations en Irak contre Al Qaïda. » Au sujet de la dernière visite de l'ambassadeur itinérant, M. Williamson, à Alger, Mme Hotgkinson (qui l'accompagnait), a refusé de faire part des discussions avec les responsables algériens qui, selon elle, relèvent du confidentiel. Elle a cependant affirmé que sur les 26 Algériens, 6 ayant la double nationalité (algéro-bosniaque) ont été, certes, jugés par un tribunal criminel à Sarajevo, puis acquittés faute de preuves, mais restent pour les USA, des « combattants ennemis » ; de ce fait, ils ne peuvent quitter la base de Guantanamo. elle a noté que cette détention comme celle de tous les pensionnaires de cette prison « n'est pas illégale ni arbitraire », selon elle, les détenus ne peuvent bénéficier des dispositions de la Convention de Genève, du fait qu'ils ne répondent pas aux critères annoncés par l'article 4 de cette loi. La responsable a nié toute forme de torture, préférant parler d'allégations, pour lesquelles des enquêtes ont été menées, et « des mesures engagées contre une centaine de militaires, lorsque torture est prouvée ». L'oratrice a révélé, par ailleurs, qu'aucun jeune ne se trouve parmi les détenus et qu'un seul mineur âgé de 15 ans faisait partie des prisonniers, « mais a été jugé récemment à l'âge de 20 ans. Il avait jeté une grenade sur les militaires en Afghanistan ». Pour ce qui est des nombreux suicides, Hotgkinson a déclaré ne pas avoir d'explication, tout comme elle a refusé de faire état des conditions d'extradition des prisonniers vers leurs pays d'origine, une fois le statut de combattant ennemi est levé.