Malgré le mauvais temps et les fortes pluies qui se sont abattues sur la capitale italienne - alors que la veille, les chefs d'Etat et de gouvernement européens avaient été gratifiés d'un temps radieux à l'occasion de la cérémonie de signature de la Constitution européenne - des dizaines de milliers de manifestants (plus de 30 000 selon les organisateurs) ont marché, hier, contre la guerre en Irak. Les drapeaux multicolores de la paix ont refait leur apparition à la place de la République, portés par les leaders des partis communistes, de gauche, du mouvement des Verts et des organisations altermondialistes, qui ont tenu à saisir l'occasion de l'adoption symbolique de la Constitution pour scander leur colère « contre les dirigeants européens qui ont suivi aveuglément Bush dans sa guerre en Irak ». Des représentants des principaux syndicats italiens, comme la Cgil ou la Cisl, ont également pris part à la marche, qui s'est conclue à la place Venise, la même qui avait été quadrillée et fermée au public, hier, pour garantir la sécurité des leaders européens venus à Rome. C'est la première fois depuis des mois, que la coalition de gauche, à l'opposition en Italie, opte pour une démonstration populaire concernant la situation en Irak. Suite aux enlèvements de plusieurs Italiens, les quatre agents de sécurité dont l'un, Fabrizio Quattrocchi, fut assassiné, le journaliste Enzo Baldoni exécuté par ses ravisseurs et les deux humanitaires, heureusement libérées vivantes, la gauche avait choisi d'observer un profil bas pour ne pas être accusée de justifier le terrorisme. Cette fois, le secrétaire général de Refondation communiste, Fausto Bertinotti, a affirmé qu'il était temps, « de revenir dans les places pour dénoncer et condamner la guerre et le terrorisme ». Les manifestants ont adressé leur premier message au gouvernement de Silvio Berlusconi, allié de Bush, lui demandant de retirer le contingent italien basé au sud de l'Irak. Le second, adressé aux leaders européens, consiste à plaider pour l'introduction, parmi les articles de la toute fraîchement signée Constitution européenne, d'un article qui bannit la guerre dans le monde. Les slogans brandis par les manifestants étaient, dans leur majorité, hostiles à Bush, et l'idée la plus originale trouvée par un manifestant a été sans doute ce drapeau irakien portant les traces d'impact d'armes à feu et l'inscription : « Voyez comment ils m'ont réduit. » Des sources autorisées, au Vatican, ont annoncé que le souverain pontife, qui s'était farouchement opposé à la guerre, recevra jeudi prochain le Premier ministre irakien, Ayad Allaoui, lors d'un entretien en tête-à-tête.
