Bien qu'un accord ait été conclu, fin avril dernier, entre le ministère du Commerce et les producteurs privés, suite auquel ces derniers ont mis fin à leur grève contre une promesse d'indemnisation des pertes qu'ils ont subies, le problème de l'approvisionnement en matière première et le prix fixé du sachet de lait à la consommation persiste toujours. Et pour cause, depuis l'annonce par le département du commerce de l'arrivée prochaine de quantités importantes de lait en poudre sur le marché national, par le biais d'un approvisionnement assuré par l'entreprise Milk Trade, une filiale de Giplait, « aucun lot de matière première n'est arrivé jusqu'ici », confie Abdelouahab Ziani, président de la Fédération agroalimentaire affiliée à la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa). Contacté hier, ce dernier a indiqué que « le problème d'approvisionnement en lait en poudre risque de durer dans le temps », en ce sens que la procédure d'avis d'appel d'offres, lancé par la société, pour l'acquisition de 20 000 t de matière première prend beaucoup de temps, « alors que les sociétés productrices de lait sont arrivées à l'asphyxie ». Pis encore, la situation financière des opérateurs privés du secteur « ne leur permet pas de tenir le coup jusqu'à l'arrivée de ces approvisionnements », ajoute le même responsable, d'autant que « les promesses relatives à l'indemnisation de la différence résultant des prix de revient et de vente du lait mis sur le marché n'ont pas été tenues », affirme encore notre interlocuteur. Selon lui, « aucune décision concrète n'a été prise dans ce sens et les autorités concernées se rejettent la balle pour des problèmes administratifs et de bureaucratie ». Les producteurs privés, faut-il rappeler, ont toujours réclamé des augmentations des prix de vente afin de pouvoir amortir l'augmentation qu'ont subie les prix de revient depuis la hausse des prix de la matière première sur le marché international. La grève de quelques jours entamée par ces producteurs n'a pris fin qu'après que le gouvernement eut décidé de débloquer une enveloppe de 6 milliards de dinars pour l'importation de la poudre de lait et de 10 milliards de dinars sous forme de subvention à l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2007. Il a été également convenu de créer l'Onil avec une double fonction de régulation, soit par l'approvisionnement physique, soit à travers la compensation-subvention monétaire. En attendant, le représentant des producteurs de lait, qui sont au nombre de 80, affirme que la filière ne voit rien arriver et « les usines, menacées de fermeture, ont d'énormes difficultés à assurer la production ». La Fédération nationale des producteurs de lait prévoit l'organisation d'une réunion extraordinaire, mercredi, où il sera question de « débattre de tous ces problèmes et de prendre éventuellement les décisions qui s'imposent », annonce enfin M. Ziani.