Près de 10 196 élèves issus des établissements scolaires de 25 wilayas du pays ont été « dispensés » cette année de l'épreuve de français lors de l'examen de fin du cycle primaire (ex-6e). Ces enfants ont été privés durant leur cursus de l'enseignement de cette langue. Ils n'ont eu droit qu'à l'enseignement de deux matières : les mathématiques et la langue arabe. La raison ? Officiellement, cela est expliqué par l'indisponibilité d'enseignants de langue française dans les zones et les wilayas reculées du pays. C'est ce qu'a indiqué Boubekeur Khaldi, secrétaire général du ministère de l'Education nationale, lors d'une conférence de presse animée hier au siège du ministère, pour justement rendre compte des résultats de l'examen de fin du cycle primaire. Il qualifiera par ailleurs cette situation de « réalité amère ». Se voulant franc, M. Khaldi va plus loin dans sa critique en révélant que le problème de l'enseignement de la langue française se pose avec acuité dans particulièrement quatre wilayas du pays, notamment Djelfa, Tamanrasset, Souk Ahras et Tébessa. « Nous n'avons pas occulté ce problème auquel nous sommes confrontés depuis des années. Au fin fond de Djelfa et dans les villes du Sud, nous n'avons aucun enseignant de langue française. C'est effectivement une situation désolante, mais nous n'avons pas à la cacher », a révélé le conférencier. Mais pourquoi une telle situation, sachant qu'il y a en parallèle des enseignants de français qui chôment et qui, par conséquent, ne demandent qu'à travailler ? Sur ce point, l'orateur battra en brèche cette information en arguant que les enseignants du Nord refusent de se déplacer vers les régions éloignées ou alors au Sud. Mais vu les conditions de travail et le salaire suggéré, il est évident qu'aucun enseignant ne se portera volontaire... Etant conscient de la gravité de la situation, le département de M. Benbouzid a étudié sérieusement la question et mis en place une série de mesures pour tenter de régler le problème. De prime abord, les responsables du ministère ont tenu une réunion avec les walis des régions concernées par le problème pour débattre de la question et dégager les solutions appropriées. Les walis ont donné leur accord pour la prise en charge en matière de logement de tous les enseignants du Nord qui sont intéressés par l'enseignement dans le Sud. Il est également prévu l'ouverture de départements de langues étrangère dans toutes les universités du pays, offrant ainsi l'opportunité aux futurs bacheliers de s'inscrire dans leur région de résidence. Le département de M. Benbouzid mène une campagne de sensibilisation envers les bacheliers pour les inciter à choisir l'institut de formation des maîtres. « Nous avons des difficultés à trouver des enseignants de langue française. Nous allons essayer de former à la carte. Nous allons élargir l'accès aux candidats à l'ENS pour devenir des enseignants des langues anglaise, française et allemande. Nous allons également privilégier le recrutement des retraités dans le but d'améliorer la qualité de l'enseignement », dira M. Khaldi qui admet que la tâche n'est pas facile à concrétiser tout en regrettant le fait que les élèves de ces régions n'ont pas eu un cursus régulier de langue française. M. Khaldi a, sur un autre chapitre, indiqué qu'il est fort possible que le ministère introduise dès la prochaine année scolaire les épreuves de langues étrangères et d'informatique dans l'examen sanctionnant le cycle primaire. A signaler par ailleurs que le ministère a prévu dans ce sens la formation d'ici 2015 d'environ 136 000 enseignants dans le cadre de la réforme du système éducatif. Par ailleurs, le secrétaire général du ministère a tenu à démentir les informations faisant état du rattachement des écoles primaires au ministère de l'Education nationale. Il a précisé, à cet égard, que le gouvernement a consacré, pour la première fois, une enveloppe de 13 milliards de dinars au profit des communes pour prendre en charge la gestion des écoles primaires.