De nombreux équipements publics de première nécessité font cruellement défaut au chef-lieu de wilaya. Il n'y a pas, par exemple, de marché couvert de détail des fruits et légumes, ni de centres de santé ou d'espaces de jeux et de loisirs pour les jeunes. Les autorités locales évoquent l'indisponibilité foncière qui serait due à la « consommation excessive et anarchique du foncier urbain durant les années de terrorisme ». Il est vrai que plusieurs enclaves dégagées après le séisme d'octobre 1980 ont été cédées en catimini à des particuliers pour des projets secondaires qui relèvent souvent du secteur du commerce et celui des services. Pendant ce temps, des opérateurs connus sur la place publique ont dû acheter leurs terrains au « marché noir » ou à de pseudos investisseurs qui avaient leurs entrées dans les sphères dominantes. Il n'y a qu'à voir les zones urbaines réservées à la promotion immobilière et autres activités économiques pour constater les dégâts, dans la mesure où seuls quelques bénéficiaires des lots de terrains en question ont pu ou daigné lancer leurs projets, agrées pourtant par le Calpi depuis plusieurs années. L'agriculture spoliée Cette situation a, semble-t-il, poussé les responsables actuels à se rabattre sur des espaces d'entreprises dissoutes ou du domaine forestier et agricole pour réaliser des infrastructures dans les secteurs, notamment de l'habitat et de l'enseignement supérieur. Ainsi, plusieurs hectares de terres agricoles ont été reversés dans les réserves foncières urbaines, à la faveur de la révision du plan directeur d'aménagement et d'urbanisme (PDAU), en particulier dans les communes de Ouled Farès, de Chlef et de Chettia. Cela a servi à la réalisation d'un pôle universitaire et devrait abriter deux « villes nouvelles » de 12 000 logements, dont 6 300 de type social. Et ce n'est pas tout, puisque l'on pense également utiliser l'espace forestier longeant la route desservant Haï Radar, dans la banlieue sud de la ville de Chlef. Des géomètres ont été aperçus dernièrement en train de procéder au relevé topographique des lieux. Ce qui conforte aussi cette destination, c'est l'état d'abandon général dans lequel se trouve ce site naturel, dont la clôture a été inachevée et présente un visage fortement défiguré. On a même démoli l'ancienne unité de production de l'ERIAD (touchée par le séisme de 1980), avant d'abandonner l'opération et de laisser les ruines joncher le sol. Les décideurs qui voulaient y faire implanter un hôtel « haut standing », se seraient heurtés à la situation litigieuse du terrain de plus de 4 000 m2. Est-ce vrai que le tissu urbain est totalement saturé et qu'il n'existe plus d'espaces libres à l'intérieur de l'agglomération ? Si la réponse coule de source, il n'en reste pas moins vrai que des terrains inutilisés depuis fort longtemps sont « gardés jalousement à l'abri des regards » et l'on ignore à qui ou quoi ils sont destinés, au moment où la ville fait face à un déficit chronique du foncier.