On a souvent reproché aux piétons de déborder sur la chaussée et d'entraver sérieusement la circulation au chef-lieu de wilaya. Il est vrai que parmi eux, certains confondent trottoirs et voie pour automobilistes. Ils sont taxés de « ruraux » qui ignorent les règles de vie ou de la circulation dans les grands centres urbains. Cependant, beaucoup sont contraints d'utiliser la route comme passage piétonnier, car les trottoirs sont complètement squattés par des commerçants au su et au vu de tous. Ces passages sont devenus carrément des terrasses de café, des espaces du commerce informel, des prolongements des commerces des fruits et légumes et même des aires de stationnement pour véhicules sous prétexte que les parkings font cruellement défaut. C'est dire l'anarchie dans laquelle baigne le centre-ville de Chlef, censé être la vitrine et la capitale de la région, où affluent quotidiennement des milliers de passagers venant de tous les coins de la wilaya et même des régions limitrophes. Les écoliers sont obligés d'emprunter la même voie, à défaut de pouvoir circuler sur le chemin qui leur est réservé. Cela les expose évidemment à de sérieux risques d'accident de la circulation, dans la mesure où les fous du volant agissent comme bon leur semble et n'hésitent pas à mettre en danger la vie d'autrui. Les autorités locales sont interpellées plus que jamais à remettre de l'ordre dans la maison, car cette situation ne fait que ternir l'image de cette agglomération que beaucoup comparent à un « grand marché qui s'anime pendant la journée et se vide le soir ». Il est vrai qu'après 19 h, les rues sont complètement désertes, la circulation baisse sensiblement et les lieux publics, comme les cafés, sont beaucoup moins fréquentés. La seule trace du rush des citoyens pendant la journée est, visiblement, la présence d'immondices un peu partout à travers le siège de la commune, mettant à rude contribution les agents du service de nettoiement de la municipalité. Mais il n'y a pas que les trottoirs qui ont été accaparés par les commerçants et autres personnes, l'unique place publique au centre-ville, dénommée l'Esplanade de la solidarité, a été elle aussi transformée en marché quotidien où, sous le couvert de « foires économiques », on continue à tolérer et à encourager la clochardisation de tout un site censé être le prolongement du jardin public et un lieu de rencontres des familles et personnes âgées. Devant la dégradation continue de l'espace en question, les responsables concernés observent un silence étrange qui en dit long sur leur incapacité à redresser l'état des lieux.